laurentlille1 a écrit:Sur le principe c'est quand même aberrant de prévoir des fonds pour aider un groupe de personnes à s'intégrer dans des pays dans lesquels ils sont allés volontairement.
J'aimerais bien aller m'installer à l'étranger, genre en Toscane ou en Corse, l'Europe a-t-elle prévu un fond pour m'aider à passer les 2/3 premières années tranquillement?
ursulet a écrit:un bon pogrom aurait aussi fait l'affaire cela dit.
Ces populations dites « à vocation à retourner dans leurs pays d’origine » et avec « un mode de vie incompatible avec le nôtre » ne servent-elles pas par ailleurs de levier de valorisation politique auprès des populations votantes dans d’autres pays d’Europe ?
Lorsqu’en France est posée la question des flux migratoires dits « d’origine Rom », les attitudes de certains responsables politiques ressemblent bien plus à des attitudes de gestionnaires et de managers qu’à des attitudes d'hommes politiques garants d’un ordre public républicain. La « gestion » des flux migratoires semble menée en vue d’un « retour sur investissement électoral ».
Cela souligne peut-être une nouvelle tendance plus générale dans la vie politique. Le philosophe Michel Feher parle d’une titrisation de la politique gouvernementale. Dans ses travaux, il fait le constat de ce glissement de l’action politique vers une gestion politique régie par des critères managériaux de rentabilité. Impuissants pour trouver des solutions aux problèmes économiques et sociaux dominés par les flux financiers dérégulés qui échappent à leurs actions politiques, les hommes politiques exercent le pouvoir qui leur est conféré par le vote citoyen sur des problèmes mineurs mais médiatiquement attrayants. D’autant plus que la plupart des médias sont propriétés des mêmes milieux financiers qui évincent le contrôle politique. Si on prolonge la saisissante analyse du néo-libéralisme de Michel Feher, on pourrait mieux comprendre les agissements sur les 20 000 Roms migrants en France et les décrire comme une forme de « bulle spéculative ».
Qui fixe les objectifs aux « managers » politiques ? Le « marché électoral », via les intentions de vote. De plus, « en présence des nouvelles technologies de l’information continue, les hommes politiques se trouvent en campagne électorale quasi permanente », autrement dit, les cotations sur le marché électoral sont en continu. Les hommes politiques, en tant que managers qui souhaitent être reconduits dans leurs fonctions, ont intérêt à avoir des objectifs atteignables. Dans cette optique, leurs efforts se placent naturellement pour orienter au mieux les objectifs qui leurs seront imposés par « les actionnaires », la population votante. Pour être réélu, il est bon d’avoir des objectifs rapidement réalisables avec des résultats immédiatement perceptibles par le plus large nombre de votants. Ainsi, pour un homme politique, manager, orienter le « marché électoral » sur des objectifs d’une gestion efficace des flux migratoires plutôt que sur des objectifs d’une gestion des flux financiers est de ce point de vue bien plus « rentable ».
Le choix de l’objectif porté sur la population dite « Rom » comme « capital risque » est clairement un choix performant pour le « retour sur investissement électoral » et Manuel Valls agit en parfait entrepreneur d’une LBO* à la recherche d’un effet de levier optimal.
D’une part, le nombre des Roms indésirables est faible par rapport à celui de la population votante qui présente ses « doléances », le « capital risqué » est donc faible ; le capital de Roms est « emprunté » à peu de frais et, les « actionnaires » de ce « capital Roms » ne détiennent pas de droit de vote sur le « marché électoral » qui concerne les hommes politiques français comme Manuel Valls et son parti.
D’autre part, les 20 000 personnes réparties dans des centaines de campements sont périodiquement déplacées de quartier en quartier et de région en région, touchant ainsi un bien plus grand nombre de « riverains en souffrance ». Ceci démultiplie l’impact de la bulle spéculative. La politique menée pour la protection des riverains obtient un effet de levier que beaucoup d’entrepreneurs de haut vol pourraient envier à Monsieur Valls. Cela reviendrait pour un manager à lever avec un même petit capital de départ des fonds auprès de plusieurs établissements bancaires. En misant au départ une toute petite population – quelques milliers de Roms – Valls obtient l’adhésion et une arrivée potentielle de suffrages électoraux multipliées par un coefficient de plusieurs centaines de fois « le capital misé » au départ.
La dynamique de démantèlement des camps Roms et leurs déplacements vers d’autres riverains produit une boule de neige de « gênes occasionnées » et assure ainsi une rentabilité politique accrue, sans besoin d’un nouvel investissement de « population à risquer », puisque seront misés les mêmes Roms « empruntés » à peu de frais aux pays partenaires au sein de l’Europe même. Au moment du départ forcé des campements, nombres de riverains-votants sont soulagés et donc convaincus de l’efficacité et de la puissance politique du ministère de l’intérieur, qui assure la fonction régalienne de la protection de la population. À peu de frais, la politique managériale des flux migratoires permet une forte rentabilité électorale.
Quelles que soient les indignations d’ordre idéologique ou moral qui peuvent accompagner l’avis selon lequel « les Roms sont indésirables », ce consensus sur « le problème Rom » pourrait localement, dans « la bulle spéculative de voisinage », être d’une rentabilité électorale élevée. Mais aucune étude comparative n’est demandée pour le moment entre les montants des dommages des vols occasionnés par les 20 000 Roms et les montants des fonds détournés des circuits fiscaux ou les profits réalisés grâce au déclassement de cette tranche de la population européenne. Il n’y a donc pas d’estimation des « dommages et intérêts » de l’opération.
En attendant, les chantiers de construction des travaux publics européens continuent à utiliser la main-d’œuvre des minorités dites « à mode de vie incompatible » et on maintient leur « vocation » de creuser les trous des jardins des résidences secondaires, de laver les rues et de construire des autoroutes en Europe à peu de frais.
Sarkozy, avec sa « droite décomplexée », avait déjà apaisé les consciences. Dès 2010, il avait « dénationalisé » ces migrants qui campaient en France et qui médiatiquement n’étaient plus des bulgares ou des roumains, mais des Roms. Dans les cafés de Sofia, on commentait avec soulagement : « Vous voyez, personne n’en veut de ces tziganes, même la France avec ses grands humanistes les jette dehors, alors nous… ce ne sont pas des bulgares, Sarkozy l’a bien compris ». Et, si en Allemagne on risque encore gros pour un tag « Tziganes en savon », en Bulgarie ces tags sont étalés sur les murs des marchés et des places publiques. Aujourd’hui en France, on a réussi à cerner une population habitant dans des campements de misère et à la définir selon des critères d’appartenance ethnique Rom. Valls, avec sa gauche , nous offre un nouveau dicible après la bulle de savon faite du mot « race » puis éclatée au profit du bien plus doux « mode de vie incompatible avec le nôtre ».
En attendant les élections de 2014, les cotations sur le « marché électoral » continuent et préparent celles des présidentielles de 2017, mais méfions-nous des nouveaux Madoff de la politique.
krouw2 a écrit:moi je comprend Valls, il a dit que les roms ne voulaient pas s'intégrer et là 4 ans qu'elle va à l' école, this is a provocation
GilbertSedman a écrit:Quelle aurait été la "bonne" solution ?
fernando a écrit:GilbertSedman a écrit:Quelle aurait été la "bonne" solution ?
Disons que Valls est pris au piège de son propre discours, on les fout dehors parce qu'ils veulent pas s'intégrer, toussa. Il a l'air con là.
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