Remis
Mercredi, ils ont snobé la ministre. Jeudi, ils se sont dit prêts à snober tout le monde. Les clubs de football professionnels de L1 et L2, réunis en assemblée générale sous l’égide de l’UCPF, le syndicat des présidents du football français, ont voté le principe de la grève le week-end du 30 novembre. Pas de matches, ni en L1, ni en L2, notamment PSG - Lyon. En ligne de mire : la taxe à 75%. Les présidents de club évaluent le coût de cet impôt nouveau à 44 millions d’euros pour les quinze clubs de L1 concernés. Face à la volonté exprimée par le gouvernement de ne pas faire d’exception pour le sport, les présidents de club ont décidé de se livrer à une telle extrémité pour faire passer leur message qu'ils estiment inécouté.
[O1T] Valenchiennes - Losc
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par manulosc » 24 Oct 2013, 18:19
Michel Seydoux: «Je ne connais pas de grève populaire…»
Le président lillois fait partie des ardents réfractaires à la taxation à 75 %. Ce matin, il a voté avec les autres présidents de clubs professionnels le principe d’une grève lors de la 15e journée de L1, celle du derby VA - Lille, fin novembre. Il se doute que le mouvement ne sera pas soutenu par l’opinion publique et tente d’expliquer le pourquoi de la démarche. « On est en danger de mort », assure-t-il.
– M. Seydoux, pourquoi les clubs professionnels ont-ils opté pour cette grève ?
« Cette taxe, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Son but initial était de taxer les hauts revenus, et cela s’est transformé en taxe sur les entreprises. Le foot français ne va pas bien, et l’ensemble des clubs a pris la décision d’une journée d’action. On espère que la menace sera suffisante, que les politiques réfléchissent. »
– Pourquoi avoir choisi cette date ?
« Il y a deux raisons. D’abord, on ne souhaitait pas l’organiser avant les barrages de l’équipe de France (face à l’Ukraine les 15 et 19 novembre), qui est la vitrine du foot français. Et deuxièmement, il faut donner du temps à la diplomatie, prendre le temps d’expliquer notre position et notre détermination. »
– Vous vous rendez compte de l’impopularité d’une telle décision ?
« Je ne connais pas de grève populaire. Quand les aiguilleurs du ciel ou les cheminots font de même, ça ne fait pas plaisir. Mais les gens sont intelligents, cette taxe était faite pour toucher les riches et là elle va toucher les pauvres. »
– Vous aurez du mal à faire passer le foot professionnel pour un pauvre, non ?
« Attendez, moi je tiens mes engagements, les contrats que je signe. J’accepte tout ce qui en découle. Mais une taxe rétroactive, non programmée, que l’on n’a pas pu anticiper, on dit non. Aucun pays au monde n’a jamais choisi de taxer ses entreprises qui vont mal, parce que dans le cas présent, on ne va pas taxer les bénéfices. On est en danger de mort, alors on réagit. »
– Pensez-vous que vous serez entendus ? Matignon a déjà semblé fermer la porte…
« Aujourd’hui, la balle est dans le camp des responsables politiques. Nous, on a fait entendre notre voix, ils prendront leur décision. Ce que nous ne voulons pas, c’est que le foot français tombe en troisième division européenne… Lui aussi est en danger de mort. Après, si on me dit que je n’ai rien compris… »
– Comme De Tavernost à Bordeaux, vous pourriez accélérer votre désengagement à Lille ?
« Ce qui est certain c’est que si on se dirige vers du niveau CFA, cela n’intéressera plus personne à Lille. Vous (les médias), le public, personne… On est là pour défendre notre attractivité. C’est un vrai cri d’alarme. Si vous boîte était taxée à cette hauteur, vous croyez qu’elle ne réagirait pas ? ».
– Pouvez-vous nous dire ce que vous coûterait cette taxe, au LOSC ?
« Cela dépend de pas mal de paramètres, si l’on se base sur une année calendaire (de janvier à décembre) comme les impôts ou sur une saison, comme nous nous fonctionnons. Sans connaître les décrets exacts, on peut l’estimer environ à 5 millions d’euros. »
la voix du nord.fr
Le président lillois fait partie des ardents réfractaires à la taxation à 75 %. Ce matin, il a voté avec les autres présidents de clubs professionnels le principe d’une grève lors de la 15e journée de L1, celle du derby VA - Lille, fin novembre. Il se doute que le mouvement ne sera pas soutenu par l’opinion publique et tente d’expliquer le pourquoi de la démarche. « On est en danger de mort », assure-t-il.
– M. Seydoux, pourquoi les clubs professionnels ont-ils opté pour cette grève ?
« Cette taxe, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Son but initial était de taxer les hauts revenus, et cela s’est transformé en taxe sur les entreprises. Le foot français ne va pas bien, et l’ensemble des clubs a pris la décision d’une journée d’action. On espère que la menace sera suffisante, que les politiques réfléchissent. »
– Pourquoi avoir choisi cette date ?
« Il y a deux raisons. D’abord, on ne souhaitait pas l’organiser avant les barrages de l’équipe de France (face à l’Ukraine les 15 et 19 novembre), qui est la vitrine du foot français. Et deuxièmement, il faut donner du temps à la diplomatie, prendre le temps d’expliquer notre position et notre détermination. »
– Vous vous rendez compte de l’impopularité d’une telle décision ?
« Je ne connais pas de grève populaire. Quand les aiguilleurs du ciel ou les cheminots font de même, ça ne fait pas plaisir. Mais les gens sont intelligents, cette taxe était faite pour toucher les riches et là elle va toucher les pauvres. »
– Vous aurez du mal à faire passer le foot professionnel pour un pauvre, non ?
« Attendez, moi je tiens mes engagements, les contrats que je signe. J’accepte tout ce qui en découle. Mais une taxe rétroactive, non programmée, que l’on n’a pas pu anticiper, on dit non. Aucun pays au monde n’a jamais choisi de taxer ses entreprises qui vont mal, parce que dans le cas présent, on ne va pas taxer les bénéfices. On est en danger de mort, alors on réagit. »
– Pensez-vous que vous serez entendus ? Matignon a déjà semblé fermer la porte…
« Aujourd’hui, la balle est dans le camp des responsables politiques. Nous, on a fait entendre notre voix, ils prendront leur décision. Ce que nous ne voulons pas, c’est que le foot français tombe en troisième division européenne… Lui aussi est en danger de mort. Après, si on me dit que je n’ai rien compris… »
– Comme De Tavernost à Bordeaux, vous pourriez accélérer votre désengagement à Lille ?
« Ce qui est certain c’est que si on se dirige vers du niveau CFA, cela n’intéressera plus personne à Lille. Vous (les médias), le public, personne… On est là pour défendre notre attractivité. C’est un vrai cri d’alarme. Si vous boîte était taxée à cette hauteur, vous croyez qu’elle ne réagirait pas ? ».
– Pouvez-vous nous dire ce que vous coûterait cette taxe, au LOSC ?
« Cela dépend de pas mal de paramètres, si l’on se base sur une année calendaire (de janvier à décembre) comme les impôts ou sur une saison, comme nous nous fonctionnons. Sans connaître les décrets exacts, on peut l’estimer environ à 5 millions d’euros. »
la voix du nord.fr
par laurentlille1 » 25 Oct 2013, 09:28
10M€ pour Marvin Martin (sans le salaire) contre 5M€ pour la collectivité (qui a nourri le club pendant un bon paquet d'années et lui permet de jouer dans un stade qu'il ne pourrait se payer seul). Merci Michou pour le sens des priorités.
par fernando » 25 Oct 2013, 15:30
Cette taxe obligera peut être les clubs de L1 à stopper le n'importe quoi salarial, et à payer des fortunes des Martin, De Melo, Bonnart, Gourcuff, Gignac, Briand... je pense qu'on peux trouver des dizaines d'exemples. Les clubs français sont quasi tous dans le rouge car ils paient des joueurs moyens ou des mecs qui ne jouent pas avec des salaires complètement déconnants.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
par Dogue-son » 25 Oct 2013, 18:04
On peut aussi trouver des dizaines d'exemples de joueurs payés à ces mêmes salaires et qui sont performants. Ton joueur moyen, il peut toucher autant sinon plus dans un club anglais même en fond de classement de PL voire même un niveau en-dessous. Et c'est peu ou prou pareil vis à vis de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et sans doute la Turquie ou la Russie.
Le marché des salaires est largement internationalisé donc le pouvoir de régulation du marché français là-dedans...
Toi qui craint un championnat à deux vitesses, cette taxe ne fait qu'y contribuer.
Le marché des salaires est largement internationalisé donc le pouvoir de régulation du marché français là-dedans...
Toi qui craint un championnat à deux vitesses, cette taxe ne fait qu'y contribuer.
I used to be a fan. Now I'm an air conditioner
par fernando » 25 Oct 2013, 18:39
Dogue-son a écrit:Toi qui craint un championnat à deux vitesses, cette taxe ne fait qu'y contribuer.
C'est sûr, mais taxe ou pas il est déjà impossible de vouloir rivaliser avec les 2 clubs de nouveaux riches sur la durée, et au niveau européen on est déjà à la ramasse depuis bien longtemps. Perso les complaintes des présidents de L1 ne vont pas me faire braire.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
par otto » 26 Oct 2013, 18:41
+1.
25 octobre 2013, par Jérôme Latta
Grève de plaisanterie
En France, la grève était, il y a peu encore, associée aux luttes sociales. Est-elle en passe de devenir un symbole presque exclusif des absurdes revendications du football? On sait la trace laissée par la mutinerie du bus de Knysna dans l'imaginaire national, voici que les dirigeants des clubs français de Ligue 1 et Ligue 2 s'engagent (comme un chauffard ivre dans un virage à flanc de précipice) dans un mouvement des plus douteux: une "grève", ou "journée blanche" lors de la 15e journée de championnat, qu'ils annoncent ne pas vouloir disputer le week-end du 29 novembre afin de protester contre l'application de la taxe dite "à 75%".
PARACHEVER LE RIDICULE
Deux précisions s'imposent en préambule. D'abord, le terme de grève est évidemment impropre: il vaudrait mieux parler de lock-out ou de boycott puisque lorsque l'on dit qu'une entreprise est en grève, on désigne évidemment une décision de ses salariés, pas de ses patrons. Ensuite, il faut ne parler que d'une menace puisqu'en cinq semaines, cette initiative a de grandes chances d'être annulée. On peut même parier que ses initiateurs n'ont qu'une peur: être contraints d'aller au bout de leur démarche pour ne pas perdre la face, quitte à parachever leur ridicule.
Quelles que soient l'hypothétique légitimité de cette mobilisation et les opérations de communication qui l'accompagneront (il est question de "portes ouvertes" dans les stades), une chose au moins est sûre: il s'agit d'une invraisemblable erreur de communication – autre spécialité du football français – qui va se payer très cher à moins d'un rapide retrait. Les "familles" liguées dans cette démarche (dirigeants, joueurs, entraîneurs) ne peuvent être certaines que de son impopularité dans le double contexte de la crise économique et de la crise d'image du football français. Qu'elles le veuillent ou non, qu'elles en aient pris la mesure ou non (mais l'heure est probablement venue), ce sport est devenu l'incarnation d'un invraisemblable gavage économique qui ne fait plus aucun sens, sinon celui de l'indécence, aux yeux d'une majorité de la population. Si les réflexes de cette dernière la porte souvent à ne plus comprendre et à détester l'impôt, l'industrie du football ne peut pas espérer une grande indulgence de sa part s'il s'agit de se plaindre de cette pression fiscale-là.
DE L'ACCUEIL DES GRÉVISTES DANS LE FOOTBALL...
Comme la mémoire n'est pas le fort des acteurs de ce milieu, on rappellera aux dirigeants de clubs l'accueil qu'ils avaient réservé à des mouvements analogues. D'abord celui des joueurs il y a cinq ans, qui avaient menacé d'une grève pour protester contre un changement de la gouvernance de la Ligue, changement qui leur faisait perdre une partie de leur représentativité dans l'instance (lire "Grève : les joueurs plantent le piquet"). Bernard Caïazzo, président de l'AS Saint-Étienne, qui figure aujourd'hui parmi les porte-parole de la fronde, avait alors déclaré: "Je n'imagine pas une seule seconde une grève des joueurs, on va faire rire ou pleurer toute la France au moment où les gens sont touchés dans leur pouvoir d'achat". À l'époque, un accord avait finalement été trouvé et la 10e journée de Ligue avait eu lieu comme prévu.
Plus récemment, ce sont les arbitres qui avaient essuyé une véritable tornade de réprobation lorsqu'au printemps 2011 ils avaient simplement souhaité retarder de quinze minutes le coup d'envoi des matches de la 26e journée de Ligue, afin de protester contre la les déclarations insultantes à leur encontre et le laxisme des instances disciplinaires. Lâchés par la Fédération, qui les avait suspendus et remplacés par des arbitres issus des niveaux inférieurs, ils avaient été vilipendés par le ban et l'arrière-ban des imprécateurs médiatiques aussi bien que par les entraîneurs et les dirigeants, qui les accusèrent évidemment de "prise d'otages" (lire "Le sale quart d'heure des arbitres" et l'interview de Tony Chapron). On ajoutera à cette collection le mépris adressé aux mobilisation de supporters, en particulier à la récente grève des Ultras stéphanois (lire "Chargés à bloc").
PAUVRES CLUBS
Les pérégrinations de cette promesse électorale ont changé le contenu et la portée de la "taxe à 75%": en la faisant supporter par les entreprises et non pas les salariés (conséquence de la censure du premier texte par le Conseil constitutionnel), on a exclu de son champ une partie de ses contributeurs initiaux et concentré ce champ sur le football professionnel. Mais en instaurant un plafond correspondant à 5% du chiffre d'affaires, le législateur a déjà offert un dégrèvement favorable aux clubs ayant les masses salariales les plus lourdes [1].
Si l'argument de la rétroactivité de la taxe, qui compromet les prévisions budgétaires, est recevable, les déclarations théâtrales annonçant des faillites et un "danger de mort" imminent sont ridicules: on avait entendu exactement les mêmes lors de la suppression du Droit à l'image collectif (DIC), niche fiscale à la disparition de laquelle le football français a survécu. Il y a quelque chose de comique à entendre sur les ondes nos présidents s'empêtrer dans des arguments scabreux et ressasser des menaces éculées, comme la prophétie du départ des meilleurs footballeurs, et d'autres encore moins crédibles. Nicolas de Tavernost évoque le retrait de M6 des Girondins de Bordeaux, Jean-Michel Aulas le danger qui pèserait sur la réalisation du nouveau stade de l'OL tandis que Michel Seydoux (Lille) pousse un "cri du cœur, d'alarme, de désespoir" et affirme "penser aux millions de supporters qui nous suivent" – auxquels il veut faire croire que "cette taxe était faite pour toucher les riches et [que] là elle va toucher les pauvres" (lire aussi "Les cinq mensonges des clubs de foot").
Sur le fond, il est question de partage de l'effort fiscal: même si l'efficacité de cette mesure (qui ne rapportera "que" 44 millions d'euros) peut être discutée, pourquoi le football devrait-il être exempté de cet effort? [2] Au-delà, la complainte des clubs déplorant que la taxe touche un secteur en difficulté occulte leur responsabilité. Car s'ils connaissent des déficits devenus chroniques, c'est essentiellement parce qu'au lieu de développer leurs structures et de diversifier leurs ressources, ils ont massivement consacré la manne des droits de diffusion à leurs masses salariales, qu'ils ont ainsi contribué à grossir. La taxe frappe exactement là où ils ont fauté.
[1] 24 millions d'euros pour le PSG, 7,7 pour l'OM, 6,6 pour l'OL par exemple. La ministre des Sport Valérie Fourneyron avait alors évoqué "la relative fragilité du modèle économique" des clubs (lire l’article de Moustache FC). Laquelle a été peu payée de retour puisqu'en guise de mesure de rétorsion, les clubs ont annoncé qu'ils quittaient le groupe de travail "Football durable" mis en place par le ministère.
[2] Un des slogans de la libéralisation du football avait été "Les clubs de football sont des entreprises comme les autres". Que les dirigeants assument leur dogme jusqu'au bout...
Données du tableau : exercice 2012/13 (source : LFP).
http://latta.blog.lemonde.fr/2013/10/25/greve-de-plaisanterie/
25 octobre 2013, par Jérôme Latta
Grève de plaisanterie
En France, la grève était, il y a peu encore, associée aux luttes sociales. Est-elle en passe de devenir un symbole presque exclusif des absurdes revendications du football? On sait la trace laissée par la mutinerie du bus de Knysna dans l'imaginaire national, voici que les dirigeants des clubs français de Ligue 1 et Ligue 2 s'engagent (comme un chauffard ivre dans un virage à flanc de précipice) dans un mouvement des plus douteux: une "grève", ou "journée blanche" lors de la 15e journée de championnat, qu'ils annoncent ne pas vouloir disputer le week-end du 29 novembre afin de protester contre l'application de la taxe dite "à 75%".
PARACHEVER LE RIDICULE
Deux précisions s'imposent en préambule. D'abord, le terme de grève est évidemment impropre: il vaudrait mieux parler de lock-out ou de boycott puisque lorsque l'on dit qu'une entreprise est en grève, on désigne évidemment une décision de ses salariés, pas de ses patrons. Ensuite, il faut ne parler que d'une menace puisqu'en cinq semaines, cette initiative a de grandes chances d'être annulée. On peut même parier que ses initiateurs n'ont qu'une peur: être contraints d'aller au bout de leur démarche pour ne pas perdre la face, quitte à parachever leur ridicule.
Quelles que soient l'hypothétique légitimité de cette mobilisation et les opérations de communication qui l'accompagneront (il est question de "portes ouvertes" dans les stades), une chose au moins est sûre: il s'agit d'une invraisemblable erreur de communication – autre spécialité du football français – qui va se payer très cher à moins d'un rapide retrait. Les "familles" liguées dans cette démarche (dirigeants, joueurs, entraîneurs) ne peuvent être certaines que de son impopularité dans le double contexte de la crise économique et de la crise d'image du football français. Qu'elles le veuillent ou non, qu'elles en aient pris la mesure ou non (mais l'heure est probablement venue), ce sport est devenu l'incarnation d'un invraisemblable gavage économique qui ne fait plus aucun sens, sinon celui de l'indécence, aux yeux d'une majorité de la population. Si les réflexes de cette dernière la porte souvent à ne plus comprendre et à détester l'impôt, l'industrie du football ne peut pas espérer une grande indulgence de sa part s'il s'agit de se plaindre de cette pression fiscale-là.
DE L'ACCUEIL DES GRÉVISTES DANS LE FOOTBALL...
Comme la mémoire n'est pas le fort des acteurs de ce milieu, on rappellera aux dirigeants de clubs l'accueil qu'ils avaient réservé à des mouvements analogues. D'abord celui des joueurs il y a cinq ans, qui avaient menacé d'une grève pour protester contre un changement de la gouvernance de la Ligue, changement qui leur faisait perdre une partie de leur représentativité dans l'instance (lire "Grève : les joueurs plantent le piquet"). Bernard Caïazzo, président de l'AS Saint-Étienne, qui figure aujourd'hui parmi les porte-parole de la fronde, avait alors déclaré: "Je n'imagine pas une seule seconde une grève des joueurs, on va faire rire ou pleurer toute la France au moment où les gens sont touchés dans leur pouvoir d'achat". À l'époque, un accord avait finalement été trouvé et la 10e journée de Ligue avait eu lieu comme prévu.
Plus récemment, ce sont les arbitres qui avaient essuyé une véritable tornade de réprobation lorsqu'au printemps 2011 ils avaient simplement souhaité retarder de quinze minutes le coup d'envoi des matches de la 26e journée de Ligue, afin de protester contre la les déclarations insultantes à leur encontre et le laxisme des instances disciplinaires. Lâchés par la Fédération, qui les avait suspendus et remplacés par des arbitres issus des niveaux inférieurs, ils avaient été vilipendés par le ban et l'arrière-ban des imprécateurs médiatiques aussi bien que par les entraîneurs et les dirigeants, qui les accusèrent évidemment de "prise d'otages" (lire "Le sale quart d'heure des arbitres" et l'interview de Tony Chapron). On ajoutera à cette collection le mépris adressé aux mobilisation de supporters, en particulier à la récente grève des Ultras stéphanois (lire "Chargés à bloc").
PAUVRES CLUBS
Les pérégrinations de cette promesse électorale ont changé le contenu et la portée de la "taxe à 75%": en la faisant supporter par les entreprises et non pas les salariés (conséquence de la censure du premier texte par le Conseil constitutionnel), on a exclu de son champ une partie de ses contributeurs initiaux et concentré ce champ sur le football professionnel. Mais en instaurant un plafond correspondant à 5% du chiffre d'affaires, le législateur a déjà offert un dégrèvement favorable aux clubs ayant les masses salariales les plus lourdes [1].
Si l'argument de la rétroactivité de la taxe, qui compromet les prévisions budgétaires, est recevable, les déclarations théâtrales annonçant des faillites et un "danger de mort" imminent sont ridicules: on avait entendu exactement les mêmes lors de la suppression du Droit à l'image collectif (DIC), niche fiscale à la disparition de laquelle le football français a survécu. Il y a quelque chose de comique à entendre sur les ondes nos présidents s'empêtrer dans des arguments scabreux et ressasser des menaces éculées, comme la prophétie du départ des meilleurs footballeurs, et d'autres encore moins crédibles. Nicolas de Tavernost évoque le retrait de M6 des Girondins de Bordeaux, Jean-Michel Aulas le danger qui pèserait sur la réalisation du nouveau stade de l'OL tandis que Michel Seydoux (Lille) pousse un "cri du cœur, d'alarme, de désespoir" et affirme "penser aux millions de supporters qui nous suivent" – auxquels il veut faire croire que "cette taxe était faite pour toucher les riches et [que] là elle va toucher les pauvres" (lire aussi "Les cinq mensonges des clubs de foot").
Sur le fond, il est question de partage de l'effort fiscal: même si l'efficacité de cette mesure (qui ne rapportera "que" 44 millions d'euros) peut être discutée, pourquoi le football devrait-il être exempté de cet effort? [2] Au-delà, la complainte des clubs déplorant que la taxe touche un secteur en difficulté occulte leur responsabilité. Car s'ils connaissent des déficits devenus chroniques, c'est essentiellement parce qu'au lieu de développer leurs structures et de diversifier leurs ressources, ils ont massivement consacré la manne des droits de diffusion à leurs masses salariales, qu'ils ont ainsi contribué à grossir. La taxe frappe exactement là où ils ont fauté.
[1] 24 millions d'euros pour le PSG, 7,7 pour l'OM, 6,6 pour l'OL par exemple. La ministre des Sport Valérie Fourneyron avait alors évoqué "la relative fragilité du modèle économique" des clubs (lire l’article de Moustache FC). Laquelle a été peu payée de retour puisqu'en guise de mesure de rétorsion, les clubs ont annoncé qu'ils quittaient le groupe de travail "Football durable" mis en place par le ministère.
[2] Un des slogans de la libéralisation du football avait été "Les clubs de football sont des entreprises comme les autres". Que les dirigeants assument leur dogme jusqu'au bout...
Données du tableau : exercice 2012/13 (source : LFP).
http://latta.blog.lemonde.fr/2013/10/25/greve-de-plaisanterie/
par Dogue-son » 26 Oct 2013, 19:00
fernando a écrit:Dogue-son a écrit:Toi qui craint un championnat à deux vitesses, cette taxe ne fait qu'y contribuer.
C'est sûr, mais taxe ou pas il est déjà impossible de vouloir rivaliser avec les 2 clubs de nouveaux riches sur la durée, et au niveau européen on est déjà à la ramasse depuis bien longtemps. Perso les complaintes des présidents de L1 ne vont pas me faire braire.
S'agit pas de faire braire, s'agit juste de trouver la logique à la chose.
Et là, il n'y en a pas.
Au départ, il s'agit d'une taxe sur les hauts revenus, qui se transforme en taxe sur les entreprises qui paient ces hauts revenus.
De fait, ça touche les grosses PME fragiles que sont la plupart des clubs de L1.
Le pire n'est même pas là. Les entreprises, dans le foot comme ailleurs, vont surtout répercuter le coût de cette taxe sur leurs clients.
C'est quand même pas mal de faire payer une taxe sur les hauts revenus à ceux qui n'ont pas ces revenus.
I used to be a fan. Now I'm an air conditioner
par otto » 01 Nov 2013, 12:36
:)
http://www.rue89.com/rue89-sport/2013/10/31/conseils-clubs-foot-payer-taxe-a-75-247104
Pour le lox... Arrêter de se faire humilier en CL...
http://www.rue89.com/rue89-sport/2013/10/31/conseils-clubs-foot-payer-taxe-a-75-247104
Pour le lox... Arrêter de se faire humilier en CL...
par curiste » 01 Nov 2013, 12:54
otto a écrit::)
http://www.rue89.com/rue89-sport/2013/10/31/conseils-clubs-foot-payer-taxe-a-75-247104
Pour le lox... Arrêter de se faire humilier en CL...
Le pire c'est qu'on va traîner ça comme un boulet, alors que les autres blaireaux du sud-est, vont sans doute finir avec zéro points...... bien pire que le Lox..........
par laurentlille1 » 01 Nov 2013, 13:31
Autant la mauvaise gestion de certains clubs (Marseille, ASSE...) est bien mise en avant dans l'article autant les moyens trouvés pour les clubs pas trop mal gérés sont ridicules: bah ouais, suffisait de gagner la LDC pour etre tranquille ou pour Lyon, suffisait de baisser le taux de son pret... facile.
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