- Rudi, pourquoi ce livre sur votre carrière alors qu’elle n’est pas terminée ?
« (il rit) C’est un projet qui a deux ans. On a décidé de le faire avec Denis Chaumier, au lendemain de notre 3e place en Ligue 1, en mai 2012. Je suis plutôt quelqu’un qui vit le présent et non sur le passé. C’est un arrêt sur image que j’ai apprécié réaliser. »
- Votre vraie fausse arrivée à Marseille, la rencontre avec Charly Samoy, l’origine du conseil des sages, vous avez truffé ce livre d’anecdotes…
« Ou je faisais le livre, ou je ne le faisais pas. A partir du moment où c’était ok avec Denis, il n’y avait pas de calculs. Et j’en raconte d’autant plus que je suis en confiance avec le journaliste qui est en face de moi. Je n’étais pas là non plus pour dire que tout est beau, tout est rose. Denis est comme un ami et je lui ai parlé avec d’autant plus de facilités. Dans ce livre, il y a mon ressenti le plus profond. »
- D’où ces passages où vous parlez de votre renvoi et de votre retour au LOSC, de Grégory Tafforeau, de Grégory Malicki…
« J’ai connu plusieurs clubs et il était normal que je parle de mon aventure à Lille. Il me paraissait important de dire ma vérité, comment se sont passées les choses et comment je les ai ressenties. »
- Vous publiez aussi vos premiers salaires à Dijon (21 000 € mensuels), au Mans (25 000 € mensuels), mais ça s’arrête quand vous signez à Lille. Pourquoi ?
« Je voulais montrer d’où j’étais parti. Avant d’en arriver où je suis, j’ai cumulé les boulots. J’ai entraîné Corbeil Essonnes, j’ai travaillé à Canal + comme consultant tout en retournant sur les bancs de la fac. J’ai commencé au SMIC. Je n’étais pas malheureux pour autant. Après la culbute en termes de salaires s’est faite petit à petit avec les résultats à Lille (NDLR : 180 000 € mensuels à la fin selon nos informations) puis en rejoignant un grand club européen. »
- Au fil des pages, de vos expériences, vous donnez l’impression de vous êtes endurci. Etes-vous d’accord ?
« Je ne pense pas, j’ai toujours eu un caractère bien trempé. Ça vient de mon père qui était très exigeant avec moi. Après dans les catégories jeunes, j’étais le plus petit de la bande, à l’école c’était pareil car j’avais un an d’avance, et quand c’est comme ça, il faut se faire sa place. Peut-être, j’ai été un peu trop naïf et que j’ai appris à me protéger. J’aime que les choses se passent bien mais la vie parfois, ce n’est pas ça. »
- On retiendra ce passage assez émouvant sur votre père…
« Notre relation était forte. Et c’était important de lui rendre un hommage appuyé. »
- Votre livre se termine début janvier, avant Juventus – Roma. Cela veut dire qu’il y aura une suite ?
« (il rit encore) Je ne sais pas. Pour celui-là, on s’est rencontrés plusieurs fois avec Denis notamment quand j’étais encore à Lille et on a complété au téléphone quand j’ai rejoint Rome. Cela nécessite du temps. Mais j’admets que je note plus de choses qu’avant sur un calepin pour devoir moins faire appel à ma mémoire...»
Quelques extraits de « Tous les chemins mènent à Rome »
Le jour de son arrivée à Rome (page 24)
J’avais eu vent des commentaires désobligeants à mon endroit (…) Comme ce sondage conduit par le Corriere Dello Sport dans lequel 54% des 4 000 votants considéraient que je n’étais pas le bon entraîneur pour l’AS Roma. Des mauvais esprits en profitaient pour me railler. Grand bien leur fasse…
Sur sa cohabitation à Saint-Etienne avec Jean-Guy Wallemme (page 68)
Jean-Guy n’avait aucune notion de la préparation et de la direction d’une séance d’entraînement. Il l’admettait. Il affichait de plus des options plutôt défensives, à l’opposé des miennes. La cohabitation n’allait donc pas de soi…
Le soir où son père José décède, alors que le LOSC joue à Grenoble (page 112)
Fred (Bompard) entra dans la salle vide. Il vit à mon attitude qu’il se passait quelque chose de bizarre. ‘‘Je viens de perdre mon père, Fred’‘. Il devint blême. (…) On n’échangea aucun mot. Rien, le silence.
Le jour où Xavier Thuilot lui annonce son renvoi du LOSC (pages 133 à 139)
J’étais dans un état second, beaucoup de choses se bousculaient dans ma tête et je ne l’écoutais plus qu’à moitié. (…) C’était agressif, dur, mensonger. (…) Dans la soirée, je parvins à joindre Michel Seydoux. Son discours concernant mon éviction me parut alambiqué (…) Dont acte, j’ai pris la décision de tirer un trait sur Lille. (…) J’avais sans doute été la victime de coups plus insidieux: Grégory Tafforeau et Grégory Malicki franchissaient fréquemment la porte du DG (…) Ah les traîtres…
Le soir où le LOSC remporte la Coupe de France (page 156)
Il m’apporta la plus belle émotion qu’un match m’ait jamais procurée. C’était mon premier titre, le premier de ma carrière d’entraîneur. Mais le premier aussi de toute ma vie de professionnel du football.