par fernando » 06 Août 2014, 17:01
L'Italie choquée par une conférence de l'ancien capitaine du « Concordia »
Le Monde.fr avec AFP | 06.08.2014 à 16h10• Mis à jour le 06.08.2014 à 16h48
Francesco Schettino choque à nouveau l'Italie. Poursuivi par la justice de son pays, l'ancien capitaine du paquebot de croisière Costa-Concordia, dont le naufrage a coûté la vie à trente-deux personnes, est intervenu début juillet en tant qu'« expert » des situations de crise lors d'un cours à l'université La Sapienza de Rome.
D'après le journal florentin La Nazione, il a dispensé pendant près de deux heures une leçon de « gestion de la panique » à des étudiants de la faculté de médecine inscrits en mastère de criminologie médico-légale. Le marin, critiqué pour avoir quitté le navire avant de nombreux passagers, s'est même vu décerner un diplôme de l'université.
Au-delà de cette invitation étonnante, selon le journal, ce sont les mots employés par l'ancien capitaine qui ont choqué. Lors de son intervention dans un amphithéâtre rempli, M. Schettino, tout en s'appuyant sur une reconstitution en 3D du naufrage, met en avant son expérience de commandant :
« J'ai voyagé dans le monde entier et je sais donc comment réagir dans de telles situations et lorsque l'on est confronté à des équipages où se mêlent différentes ethnies. »
UNE COMPARAISON AVEC LE 11 SEPTEMBRE 2001
Après avoir présenté le naufrage comme « seulement un accident », M. Schettino a poursuivi son raisonnement en comparant le drame aux attentats du 11 septembre 2001 à New York. Il a ainsi interrogé les étudiants sur le fait que « personne ne [se soit jeté] du navire lors de son naufrage (celui du Costa-Concordia), alors que nombreux furent ceux qui sautèrent par les fenêtres des tours jumelles ».
Interrogé par les médias mercredi, le recteur de La Sapienza (la plus grande université romaine et l'une des plus principales du pays), Luigi Frati, a dénoncé « un choix indigne et déplacé ». Le professeur à l'origine de cette invitation douteuse, a d'ores et déjà été renvoyé devant le comité éthique de l'université, a fait savoir le recteur.
« JE SUIS COMPLÈTEMENT INDIGNÉ »
Les institutions politique et judiciaire ont également réagi. « L'intervention de M. Schettino est vraiment quelque chose de déconcertant », a regretté à son tour la ministre de l'éducation italienne Stefania Giannini. « Je suis complètement indigné lorsque que je vois ce qui peut se produire dans ce pays », s'est emporté Francesco Verusio, le procureur de Grosseto, où M. Schettino est le seul accusé dans le procès du naufrage du Costa-Concordia.
Schettino y est jugé pour homicides involtaires, naufrage et abandon de navire. Sandra Savino, députée Forza Italia (droite) s'est émue qu'« une université qui [avait] fermé ses portes, à l'époque, au pape Benoît XVI, puisse aujourd'hui laisser intervenir le commandant Schettino ».
Le naufrage devant l'île toscane du Giglio du Costa-Concordia – aujourd'hui en cours de démantèlement dans le port de Gênes – avait fait 32 morts le 13 janvier 2012 lorsque le navire, qui transportait plus de 4 000 personnes, avait heurté violemment un écueil avant de basculer sur son flanc droit.
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