par fernando » 10 Fév 2015, 14:25
Football : le sélectionneur italien renvoyé devant le tribunal pour fraude sportive
LE MONDE | 10.02.2015 à 11h36 • Mis à jour le 10.02.2015 à 11h38 | Par Philippe Ridet (Rome, correspondant)
Après quatre ans d’une enquête baptisée « last bet », le dernier pari, portant sur des rencontres truquées de Serie A, Serie B et lega Pro (les trois principales divisions du championnat italien de football) lors de la saison 2010-2011, Roberto Di Martino, magistrat du parquet de Crémone (Lombardie), a décidé de renvoyer devant les tribunaux 130 joueurs, dirigeants, entraîneurs, agents et intermédiaires divers. Parmi eux, Antonio Conte, sélectionneur de la Nazionale, Stefano Mauri, capitaine de la Lazio de Rome, Cristiano Doni, ancien joueur de l’Atalanta Bergame, Stefano Colantuono, entraîneur de l’équipe bergamasque, et Beppe Signori, ancien international. Ils sont accusés de « fraude sportive » ou « d’association criminelle ». Leur procès pourrait s’ouvrir à l’automne 2015.
L’enquête du juge lombard, mais également celle des magistrats de Bari et de Naples, a permis de mettre au jour un vaste réseau de paris clandestins et de rencontres arrangées. De riches parieurs de Hongkong, en cheville avec des intermédiaires pour la plupart originaires des Balkans, seraient parvenus à corrompre des joueurs (moyennant 15 000 à 60 000 euros) et des entraîneurs afin de « laisser filer » une partie, de « lever le pied », leur permettant ainsi de miser à coup sûr. Afin d’être plus discrets, ils privilégiaient les rencontres moins médiatiques de deuxième et troisième divisions.
Antonio Conte : « j’ai été un con »
Mais le cas le plus retentissant est celui d’Antonio Conte, entraîneur successivement des clubs de Bari, de l’Atalanta Bergame et de l’AC Sienne entre 2007 et 2011, trois clubs dans le collimateur de l’enquête, avant de conduire la Juventus de Turin au sommet du championnat d’Italie trois saisons de suite. L’ancien international a été accusé par plusieurs de ses joueurs de Sienne de les avoir laissés libres de décider du sort d’une rencontre contre Albinoleffe alors qu’il savait pertinemment que des intermédiaires véreux les avaient approchés. Une attitude qu’il aurait également eue alors qu’il coachait Bari. « J’ai été un con », a-t-il reconnu pendant son interrogatoire. Une attitude qui lui a valu d’être suspendu quatre mois par la justice sportive, plutôt clémente. Complicité ou indifférence ? Au tribunal de trancher.
Fin 2011, la révélation de ce scandale avait jeté le monde du football italien, déjà traumatisé par les affaires du Totonero des années 1980 (paris clandestins) et le Calciopoli des années 2000 (arbitres corrompus), dans une profonde introspection. Cesare Prandelli, alors sélectionneur, avait expliqué qu’il était prêt à « renoncer » à l’Euro de 2012 en Pologne et en Ukraine afin que le football italien fasse son examen de conscience ; Mario Monti, chef du gouvernement, avait évoqué la possibilité de « suspendre le championnat pour deux ou trois saisons », le temps qu’il retrouve son honneur perdu. Mais la performance des Azzurris, finalistes devant l’Espagne (4-0), avait rapidement balayé ce vague à l’âme.
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