fernando a écrit:Le didn't read lol du jour : article intéressant qui aborde de manière concrète les questions soulevées par l'accueil des demandeurs d'asile
L’Allemagne doit maintenant relever le défi de l’intégration
07 septembre 2015 | Par Thomas Schnee
Berlin a annoncé le déblocage de 6 milliards d’euros pour aider les communes à accueillir les réfugiés. Malgré sa bonne santé économique, comment l’Allemagne va-t-elle pouvoir intégrer dans son économie ces milliers de personnes? Reportage en Bavière.
Bavière, de notre envoyé spécial.- Quand elle parle de son engagement auprès des réfugiés, le regard de la jeune nurembergeoise Merlind Trepesch vacille un court instant, mais sa voix reste ferme et déterminée: « Vous voulez vraiment connaitre le fond de ma pensée ? En réalité, nous sommes complètement dépassés mais nous continuons car il n’y a pas d’alternative humainement défendable». Mme Trepesch a croisé la « piste » des réfugiés en 2011, lors d’une conférence sur la question à l’université de Bamberg. Alors étudiante en sociologie, elle a vite rejoint le groupe de volontaires qui s’est formé pour aider les réfugiés dans la région de Franconie, la Bavière du nord.
« Notre association s’appelle "Ami plutôt qu’étranger" (Freund statt Fremd)3. J’opère à partir de Nuremberg où je vis et travaille aujourd’hui. Je suis chargée de gérer nos activités sur la ville de Forchheim. Je m’occupe aussi de l’accueil des nouveaux volontaires et je parraine une famille qui vient d'Azerbaïdjan », raconte-t-elle.
Début 2015, devant l’afflux croissant des réfugiés en Allemagne, le groupe d’environ 200 volontaires actifs sur plusieurs grandes communes de la région a du se professionnaliser et se constituer en association : « Nous avons mis en place un système de parrainage de familles qui fonctionne assez bien, ainsi qu’une bourse d’échange pour les vêtements, de l’électroménager, etc. Nos volontaires dispensent aussi des cours d’Allemand et nous assurons une aide administrative avec un peu d’interprétariat. Nous avons enfin créé un « Asylcafé », ce qui permet aux réfugiés de sortir de leurs centres d’hébergement pour se rencontrer et recevoir de l’aide. A vrai dire, ce point de rencontre a aussi été créé parce qu’il ne nous est matériellement plus possible d’aller dans les centres. Il y en a trop. Quand j’ai commencé sur Forchheim, nous nous occupions d’environ 80 réfugiés. Aujourd’hui, ils sont près de 800 juste sur cette commune et il en arrive tout le temps de nouveaux », explique-t-elle.
L’Allemagne accueillera-t-elle vraiment le nombre record de 800 000 demandeurs d’asiles en 2015, comme le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière l’a pronostiqué à la fin du mois d’août ? Lors du dernier week-end, les autorités allemandes ont décompté pas moins de 20 000 arrivées en provenance de Hongrie ! Une majorité de ces réfugiés sont originaires de Syrie et d’Afghanistan. La plupart des trains sont arrivés à Munich. D’autres ont été dirigés vers la Thuringe, la Saxe, le Brandebourg mais aussi vers le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie du nord-Westphalie.
Ces chiffres ne tiennent bien sûr pas compte des nombreux réfugiés qui sont arrivés par la route, débarqués comme du bétail sur une aire d’autoroute ou dans une station-service par des passeurs. « Nos hommes n’ont plus vraiment le temps de s’occuper d’autre chose que de ramasser les réfugiés et de chasser les passeurs », précise un porte-parole de la police bavaroise.
Les arrivées du week-end ont été rendues possibles grâce à une conversation téléphonique entre le chancelier autrichien Werner Faymann et Angela Merkel. Les deux chefs de gouvernement ont opté pour une réponse humanitaire et donné le feu vert pour recevoir les milliers de réfugiés bloqués par la Hongrie. « C’est une exception », a précisé Mme Merkel, quitte à déclencher des remous politiques. Le parti conservateur bavarois (CSU), qui gouverne le Land de Bavière, a en effet réuni son bureau directeur en urgence pour faire condamner la « mauvaise décision » de leur chancelière : « On ne peut continuer comme cela. Tous les réfugiés qui se dirigent vers l’Europe pensent à l’Allemagne. Mais l’Allemagne ne peut pas y faire face toute seule », a déclaré le secrétaire-général de la CSU Andreas Scheuer. Il applaudit par ailleurs à l’ouverture prochaine de nouveaux camps d’accueils spécifiquement destinés aux réfugiés des Balkans, qui n’ont à priori que peu de chances de se voir accorder l’asile en Allemagne.
Pendant que dirigeants régionaux et fédéraux se disputent, les trains continuent à déverser leur lot de réfugiés à la gare de Munich, ceci dans une atmosphère presque festive, aux cris de « Germany, Germany, danke Germany ! ». C’est ensuite dans un calme étonnant que les réfugiés, accueillis par une armée de policiers et surtout de volontaires qui distribuent aussi bien des jouets pour les enfants que des victuailles, de l’eau et des vêtements, sont ensuite conduits et répartis dans des bus gérés la Croix-Rouge allemande. Après les privations, les angoisses et l’épuisement du voyage vers l’Europe, voici venu le moment du dernier transfert vers l’un des trois centres bavarois de premier accueil, par exemple celui de Zirndorf en banlieue de Nuremberg.
150 et 300 nouvelles entrées chaque jour
Ce camp, créé en 1955 dans une vieille caserne pour accueillir d’abord les réfugiés allemands de l’après-guerre, a une capacité d’accueil de 650 personnes. Mais il en abrite aujourd’hui près de 1.600. Chaque jour, les responsables du centre enregistrent entre 150 et 300 nouvelles entrées. Pour les loger, les tentes militaires installées dans les cours de la caserne ne suffisent plus depuis longtemps. Des « filiales » ont été ouvertes aux alentours de Nuremberg, par exemple dans la caserne Otto-Lilienthal de la petite ville de Roth. Celle-ci accueille déjà 930 personnes.
La région, qui prévoyait une durée d’utilisation de deux ans environ de la caserne, a annoncé des investissements et des aménagements prochains « pour pouvoir assurer une utilisation sur le long terme ». « Nous sommes en train de développer en urgence des structures médicales adéquates », assure-t-on au Conseil régional de la région de moyenne Franconie, en charge du centre de Zirndorf : « Les réfugiés arrivent souvent dans un état souvent lamentable, épuisés, blessés ou malades », explique-t-on.
« J’ai passé deux mois à Zirndorf où j’ai déposé ma demande d’asile. Puis on m’a transféré au centre d’hébergement pour hommes seuls de la Scharfhofstrasse à Nuremberg. Depuis je vis là. Ce n’est pas facile. Nous sommes à quatre dans une chambre, et plus de 300 dans le centre. On n’a pas grand-chose à faire. Le quotidien, c’est l’ennui, le bruit, la drogue et aussi des bagarres. Tous les groupes de réfugiés ne sont pas forcément amis», raconte le sénégalais Abdou lahat Diabira qui est arrivé il y a un an en Allemagne via le Maroc, l’Espagne et la France, où il a préféré ne pas s’arrêter : «Je parle français, cela aurait été peut être plus facile pour moi. Mais je crois que l’Allemagne est plus accueillante et offre plus de chances. C’est ce qui se dit chez nous en tout cas», se justifie-t-il.
Etant donné ses origines, le Sénégal n’est pas considéré ici comme un pays à risques, Abdou a donc peu de chances de voir sa demande d’asile acceptée. Mais pour l’instant, il attend, espère et essaye tant bien que mal de se construire un avenir en Allemagne. « Abdou a encore ses chances. Il a déjà pu suivre un cours d’allemand et il se débrouille pas mal », rassure Mona El Faourie qui dirige le projet d’intégration professionnelle pour les réfugiés "Reste à Nuremberg" (Bleib in Nürnberg) : « Pour travailler, il faudrait quand même qu’il passe à un niveau supérieur. Je vais essayer de l’inscrire à un cours de niveau B2. Après je crois que mon patron a trouvé une entreprise qui cherche des soudeurs et il pourra peut-être le proposer ».
Pour Manfred Schmidt, le patron de l’Agence fédérale pour les migrants et les réfugiés3, le débat actuel se concentre bien trop fortement sur l’accueil des nouveaux arrivants et sur une possible accélération des procédures d’asile. « Il ne faut pas perdre de vue ce qui vient après. Cette année, nous avons déjà octroyé l’asile à près de 42 000 réfugiés syriens et irakiens. Ceux-ci doivent apprendre la langue, être enregistré à l’Agence pour l’emploi et, avec l‘aide de l‘économie, être rapidement formé à une profession“, rappelle-t-il.
Cet avis est largement repris par les grandes fédérations patronales pour qui cette vague de migrants est une chance unique à ne pas laisser passer : « Dans les vingt ans à venir, nous allons avoir besoin de bien plus de main d’œuvre que ce pays ne peut en proposer » explique le patron du Medef allemand (BDA) Ingo Kramer qui demande pour les réfugiés un accès immédiat aux cours de langue ainsi qu’un droit faire une formation sans risque d’être expulsé. M. Kramer évalue à environ 500 000 le nombre de postes non occupés dans l’économie allemande.
« Qui peut y arriver, sinon nous », a récemment affirmé la ministre de l’emploi sociale-démocrate Andrea Nahles. Parmi les grandes mesures destinées à intégrer les réfugiés, elle vient d’annoncer que le projet pilote « Early Intervention »3 à destination des réfugiés allait être étendu à toute l’Allemagne.
« L’idée d’Early Intervention est de placer le plus rapidement possible les candidats dans des cours de langue puis en formation professionnelle. Nous avons mis en place ce programme dans 9 centres en Allemagne. Mais il faut savoir que sur les 1000 réfugiés qui ont été retenus jusqu’à présent, tous ont déjà un diplôme professionnel et environ 40 % d’entre eux sont diplômés du supérieur », explique Jürgen Wusthorn, porte-parole de l’Agence fédérale pour l’emploi. Il admet que même étendu à tout le territoire, ce programme s’adresse un peu à l’élite des réfugiés : « L’Allemagne n’a pas de masterplan pour l’intégration professionnelle des réfugiés. Cela va beaucoup se jouer au niveau local, Tout est à faire », admet-il.
Le projet « Reste à Nuremberg »
Cette situation explique pourquoi la germano-palestienne Mona El Faourie, arrivée elle-même en Allemagne comme réfugiée en 1978, et son chef Rainer Aliochin représentent l’avenir pour de nombreux réfugiés atterris à Nuremberg : « Notre association est unique en son genre. A l’origine, elle a été créée en 1999 pour aider les personnes issues de l’immigration à créer des entreprises. Puis, nous avons vu qu’il y avait un besoin spécifique pour les demandeurs d’asile. Nous avons donc créé le projet « Reste à Nuremberg » qui emploie 2 personnes. Aujourd’hui, notre ancienneté, nos réseaux et l’expérience accumulés sur ce sujet complexe font que le ministre fédéral de l’économie Sigmar Gabriel est venu soudainement nous rendre visite et que le gouvernement bavarois nous a accordé des crédits pour un poste supplémentaire sans qu’on le demande », s’amuse M. Aliochin.
« Pour que tout se passe bien, il faut pouvoir intégrer les réfugiés dans notre économie. Or, notre système bureaucratique n’est pas préparé à cela. La seule question de l’évaluation des compétences des réfugiés est un énorme problème auquel des mégastructures comme l’Agence pour l’emploi n’ont pas de réponse », confirme-t-il.
Le problème se pose par exemple pour Abdou : « Je suis allé à l’école, puis j’ai suivi une formation de soudeur pendant quatre ans », explique-t-il à Mme El Faourie qui veut des précisions : « C’était une école professionnelle publique ? As-tu un diplôme ? Et quel type de travail as-tu fait ? ». Abdou ne sait pas bien : « Vous savez, les diplômes au Sénégal… Nous avons soudé des cadres de fenêtres, fait des stages sur des chantiers. Certains sont restés quatre ans en formation, d’autres deux ans, c’était variable», explique-t-il un peu vague. « C’est ici que se situe le problème. La plupart sont venus sans leur diplôme. Pour savoir vraiment ce dont ils sont capables, il faudrait tester leurs compétences sur le terrain. Evidemment, ce n’est pas possible de faire cela pour des milliers de personnes », explique Mme El Faourie.
Après Abdou, Mona El Faourie reçoit Seda et Evgueni, un jeune couple arménien qui vient d’arriver, parle à peine allemand. Evgueni a travaillé dans le bâtiment mais il est tombé malade et se trouve sous dialyse. Quant à Seda, elle doit s’occuper de son jeune enfant. Elle a fait une école de sage-femme et, par chance, est en possession de son diplôme : « Je ne sais que faire pour Evgueni dont le profil ne rentre dans aucun programme. Mais Seda a peut-être un espoir. Nous sommes actuellement en discussion avec l’hôpital de Nuremberg qui cherche du personnel hospitalier. J’ai repéré dans mes fichiers quelques personnes qui ont des formations d’infirmiers et de sage-femme. On pourrait les réunir pour leur organiser une formation à l’hôpital. Mais avant tout, Mona et Evgueni doivent apprendre l’Allemand », explique Mona El Faourie en leur tendant une feuille d’inscription à un cours organisé par l’Agence fédérale pour l’emploi .
« Un autre grand problème, c’est bien sur le titre de séjour. Après la demande d’asile, on leur donne un titre temporaire qui leur donne le droit de travailler après trois mois de séjour. A condition bien sûr de pouvoir parler allemand, ce qui rarement le cas en si peu de temps, explique-t-elle. Si la demande d’asile est accepté, ce qui prend entre 4 mois pour un syrien mais parfois plusieurs années pour quelqu’un venu d’Afrique, tout va bien. Si la demande est refusée, alors le réfugié reçoit une « Duldung », c’est-à-dire un titre qui signifie que l’expulsion peut intervenir à tout moment», explique Mme El Faourie pour qui les lois doivent être adaptés et assouplies rapidement.
En Bavière, l’attente de ces réfugiés, célibataires ou familles, est d’autant plus insupportable que les lois du Land leur imposent en plus l’obligation de vivre dans des habitations sous contrôle communal tant que leur demande d’asile est en suspens. « Dans les autres régions d’Allemagne, les réfugiés ont le droit d’être logés chez l’habitant en appartement. Cela permet d’éviter les concentrations et réduit significativement les problèmes. C’est mieux pour l’intégration. Mais ici, c’est impossible. On les regroupe. Ils doivent habiter dans des immeubles gérés par les villes. Pour faire face à la demande, il y a aussi d’anciens hôtels reconvertis en centre d’hébergement et qui sont gérés par des propriétaires privés », explique Merlind Trepesch qui critique les conditions d’accueil sommaires voire insalubres de ces établissements remplis à bloc et hautement lucratifs puisqu’un réfugié peut rapporter de 20 à 30 euros par nuit !
« Plutôt que de continuer à improviser, il est urgent que la politique allemande reconnaissent que les réfugiés vont continuer à venir en masse pour encore pas mal de temps et, pour une grande partie vont rester en Allemagne », affirme le Günter Burkhardt, directeur de la principale ONG allemande d’aide aux demandeurs d’asile PRO ASYL : « Si l’on veut que leur intégration soit une chance et un succès, l’Etat fédéral doit rapidement soutenir les communes, définir un concept solide pour l’accueil et l’intégration professionnelle et desserrer l’étau juridique qui les étouffe ».
Sinon, les sirènes xénophobes et identitaires risquent de prendre la relève. Déjà, le ministre-président de Baviére bien connu pour ses tirades populistes vis-à-vis des étrangers est sorti hier d’un silence de plusieurs semaines : „Nous ne pouvons continuer à accueillir des réfugiés du monde entier. A la longue, aucune société ne pourrait y résister», a-t-il prévenu.
SAV a écrit:namtok
SAV a écrit:karmelille a écrit:SAV a écrit:namtok
Tiens j'l'avais oublié c'blaireau là !
Attention il a 2 masters obtenus dans la plus grande fac francophone du monde, tu vas avoir des problèmes.
guinness a écrit:autres petites anecdotes: pour les anciens vice présidents ( époque Kanner ) , il y avait 16 voitures+chauffeurs à disposition du lundi ..... au dimanche :-)
Réduit à 4 par l'actuelle présidence.
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