guinness a écrit:cool, l'abo de numericable va augmenter
Le Monde a écrit:Bientôt le « Big Bang » du football européen ?
Le 9 décembre 2015, l'économiste Yvon Rocaboy présentera au séminaire "Football et Sciences Sociales" un article intitulé : "Compétition entre ligues nationales de football : Existe-t-elle ? Devrait-on la réguler ?". Dans ses travaux, Yvon Rocaboy s'interroge sur les conséquences de la coexistence des compétitions nationales (telles que le championnat de Ligue 1) et continentales (telles que la Champion's League). Plus particulièrement, il se demande si cette coexistence ne pousse pas les ligues nationales à privilégier une répartition inégalitaires des droits TV, au détriment de l'intérêt du spectacle domestique. En effet, le souhait de bien figurer dans les compétitions européennes incite les ligues nationales à favoriser l'émergence d'un ou plusieurs "champions nationaux". Ceci passe par une répartition déséquilibrée des droits TV (et de toute autre recette glanée dans le cadre de la ligue) qui conduit, à terme, à la constitution d'un petit groupe de clubs dominants qui trustent les premières places.
Une possible dissolution des ligues espagnols, allemandes, italiennes et françaises ?
L'émergence de ces quelques champions nationaux déséquilibre assurément la compétition domestique et son intérêt faiblit. La régulation que suggère Yvon Rocaboy irait dans le sens de la contrainte d'une répartition plus égalitaire des droits TV dans les ligues nationales. Rocaboy s'intéresse aussi aux effets de l'émergence d'une ligue plus riche que les autres (il pense bien sûr à la Premier League) et suggère que ce déséquilibre pourrait faire se replier sur elles-mêmes les ligues dominées ou conduire à des dissolutions-réorganisations des ligues.
Le cercle vertueux des droits étrangers pour la Premier League
Nous sommes sans doute, en effet, à l'aube d'un big bang du football européen. L'écart entre les ressources des différentes ligues se creuse de manière phénoménale avec ce contrat à 3,3 milliards d'euros annuels (2,3 milliards de droits TV domestiques + 1 milliard de droits étrangers au moins) que vont se partager les vingt clubs anglais de 2016 à 2019. Dans le même temps, les 4 autres ligues majeures (Liga, Serie A, Bundesliga, Ligue 1) peinent à réunir entre 748,5 et 960 millions d'euro chacune. Et le cercle vertueux de l'afflux de ressources vers la Premier League semble engagé. La vente des droits TV à l'étranger n'a pas fini de réserver d'heureuses surprises au commissionnaire de la Premier League : ainsi Altice s'est emparé, en novembre, des droits de la Premier League pour le marché français pour un montant d'environ 100 millions d'euros annuels (contre 63 millions d'euros annuels versés par Canal + auparavant). Mois après mois, les diffuseurs du monde entier vont surenchérir pour acquérir les droits de LA ligue majeure du 1er sport mondial...
Quel forme ce big bang pourrait-il prendre ? Plusieurs scenarii sont envisageables :
- La création d'une Super Ligue européenne. C'est un serpent de mer né à la fin des années 1990. Il fut question de 14 clubs, puis de 18, puis de 32 (organisée en 2 conférences). Ce n'est plus, aujourd'hui, le scenario le plus vraisemblable. Ce qui a changé depuis les derniers bruissements (2009) autour de la création, dans le sillage du G14, de cette super ligue, c'est l'émergence de ce fossé entre la Premier League et les autres ligues. Certes, ce fossé n'existe pas encore entre les clubs anglais et les 2 clubs espagnols les plus riches, mais ceci pourrait changer très vite suite à la décision espagnole d'avril 2015 de s'aligner sur les autres pays en pratiquant la négociation centralisée des droits TV. Si l'une des ambitions affichées est de faire passer les droits domestiques espagnols annuels à 1 milliard d'euros, il n'est pas sûr que le FC Barcelone et le Real de Madrid y trouvent leur compte : qui dit négociation collective dit aussi répartition plus égalitaire des droits TV et il semble peu probable que l'écart entre le premier et le dernier puisse demeurer dans un rapport de 1 à 11 (sachant que le premier appel d'offre collectif a débouché sur l'attribution de 2 lots principaux pour 883 millions d'euros annuels le 2 décembre 2015). En tout état de cause, les grands clubs anglais ne voudront plus quitter le golden cocon de leur ligue où les livres sterling coulent à flot.
- La dislocation des ligues espagnols, allemandes, italiennes et françaises et la constitution d'une ligue regroupant les cadors de ces championnats. C'est la conjecture implicitement privilégiée par Rocaboy. La Premier League vivrait sa vie seule et une ligue continentale verrait le jour, regroupant Barcelone, le Real de Madrid, Munich, Dortmund, la Juventus, l'AS Roma, le Paris Saint Germain, ... et sans doute aussi des clubs portugais, néerlandais, russes et ukrainiens. On peut même imaginer l'émergence d'un superbowl du soccer avec une finale opposant le champion de la ligue continentale et le champion de la Premier League.
- L'absorption de 5 ou 6 continentaux par la Premier League. Exit les clubs gallois et bonjour le gaulois Paris Saint Germain. Le top du football mondial se concentrerait sur 4 ou 5 villes britanniques, 2 espagnoles, 1 allemande, 1 française et 1 ou 2 villes italiennes. La conjoncture est propice : le Paris Saint Germain qatari rêve de grands espaces, les clubs espagnols ont plus à perdre qu'à gagner de la négociation collective des droits TV en Liga (et le FC Barcelone en est menacé d'exclusion en cas d'indépendance de la Catalogne), le Bayern se lasse d'enfiler les buts comme des perles en Bundesliga et la "vielle dame" pourrait enfin sortir de la malédiction qui la voit être reléguée tous les 15 ans pour des affaires de matchs truqués...
Spécificité du sport : passer des déclarations de principes à l'édiction de règlements
Quelle que soit la forme du big bang du football européen, l'Union Europénne serait avisée de penser à la régulation de ce grand spectacle sportif. Au delà de la libre circulation des travailleurs garantie par l'arrêt Bosman, il faut songer à l'instauration de mécanismes de préservation de l'équilibre compétitif. Il faut enfin que l'Union instaure des règles de partage relativement égalitaires des revenus et mette en place des plafonds salariaux (salary caps). Il ne suffit pas de reconnaître la spécificité du sport (comme dans le Traité de Lisbonne) si l'on conserve une organisation modelée par un arrêt qui, de fait, nie la spécificité de l'industrie du spectacle sportif.
http://ecosport.blog.lemonde.fr/2015/12 ... -europeen/
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