François Hollande commenté par François Hollande. Il est dans un état d'isolement mental inquiétant.
François Hollande se rappelle au souvenir des électeurs de gauche
3 mai 2016 | Par christophe Gueugneau
Le président de la République intervenait mardi 3 mai lors d’un colloque sur « la gauche et le pouvoir ».
Sans se déclarer candidat à sa propre succession, il n’a pas manqué d’y souligner la qualité de son bilan et la nécessaire poursuite de son action. « Dans quel pays d’Europe y a-t-il eu autant de progrès depuis quatre ans ? », s'est-il interrogé le plus sérieusement du monde.
En route pour la candidature de François Hollande, acte III. En moins d’un mois, les socialistes et le gouvernement ont multiplié les signaux d’une entrée en campagne sans que leur candidat officiel ne soit déclaré. Ce fut d’abord le lancement de la Belle Alliance populaire, le 13 avril, par le PS et ses partis satellites (nous en parlions ici) puis, deux semaines plus tard, le mini-meeting « Hé oh la gauche ! » sous l’égide du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll (notre compte-rendu est là). Deux événements lourds de sous-entendus sur une possible candidature du chef de l’État, mais sans jamais non plus que cela soit dit. Et puis, ce mardi 3 mai au matin, un nouveau pas a été franchi. Et par François Hollande lui-même.
Invité à donner le discours de clôture du colloque co-organisé par Terra Nova et la fondation Jean-Jaurès, deux think tanks proches du PS, le président de la République a durant plus d’une heure déroulé son bilan et, surtout, indiqué ce qu’il lui restait à faire. C’est un président tantôt détendu, tantôt drôle, tantôt ferme, tantôt lyrique, et tantôt – souvent – techno, qui s’est adressé au parterre de ministres, dont le premier, Manuel Valls, de parlementaires, dont le président de l’Assemblée Claude Bartolone, et de cadres du PS, réuni au théâtre du Rond-Point, dans le très chic VIIIe arrondissement parisien.
Lors du lancement de la Belle Alliance, le premier secrétaire du PS avait évoqué la Commune en s’en réclamant ; Hé oh la gauche ! s’était conclu sur l’air de « Bella ciao » ; le colloque de ce jour avait lieu, quant à lui, pour les 80 ans jour pour jour du Front populaire, une « date pas choisie au hasard », a lancé François Hollande. L’objectif d’un replacement à gauche est clair, à un an de la présidentielle.
L’étape franchie par le président ce mardi matin représente un bond en avant manifeste vers sa candidature, même s’il a pour l’instant indiqué qu’il ne dirait officiellement s’il se représente qu’à la fin de l’année 2016. Durant tout son discours, François Hollande a en effet vanté son bilan dans le détail et dans tous les domaines, du social à l’économie, du sociétal à l’international, tentant de devancer les éventuelles critiques, qu’elles viennent de droite comme de gauche, mais il a aussi, de façon appuyée et répétée, indiqué qu’il y avait encore beaucoup à faire.
« La gauche n’agit pas seulement pour aujourd’hui mais pour demain », a-t-il par exemple lancé. « Je n’agis pas pour juste agir, mais pour agir dans la durée », a-t-il ajouté un peu plus tard. Mais encore : « Il convient de poursuivre », « Il y a encore beaucoup à faire mais quand même », « Je le répète, c’est pour la jeunesse que nous devons agir et continuerons d’agir », « Le chemin que je propose… » avant de conclure son discours par : « Avançons sans regret, sans calcul, sans répit. »
À deux reprises, le président de la République a retrouvé ses tics de campagne, et parmi eux son goût pour l’anaphore. D’abord en déclarant : « Ce que nous construisons : un nouveau compromis dynamique et juste. » « Ce compromis doit répondre aux mutations de l’économie », a-t-il expliqué, « un compromis entre liberté et protection », « un compromis entre exigences économiques du marché et biens communs », un « compromis entre souplesse et garanties ». Plus tard, François Hollande a aussi insisté sur la « cohésion » : « cohésion nationale », « cohésion sociale » et « cohésion républicaine ».
Avant même d'entrer dans le détail, le président de la République a tenu à ancrer son action à gauche. Fort des deux heures de débats qui l’avaient précédé sur la scène, Hollande s’est adonné à un cours d’histoire comparée sur l’« œuvre transformatrice de la gauche dans la Ve République ».
Pour lui, la gauche a quatre objectifs quand elle gouverne : un objectif démocratique, un objectif de justice, l’égalité et la modernisation du pays. Eh bien, à l’en croire, ces quatre objectifs ont été remplis par ces quatre années au pouvoir. Les lois NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), Rebsamen et El Khomri pour la démocratie, l’imposition des revenus du capital au même niveau que ceux du travail pour la justice, la refonte de l’école pour l’égalité. Concernant la modernisation du pays, « la gauche ne s’est jamais dérobée devant cette exigence », a indiqué le chef de l’État.« Nous avons pris la direction d’une France accablée de déficits », a commencé par rappeler François Hollande, « alors il nous a fallu moderniser le pays pour lui donner sa place dans la mondialisation ». Selon lui, cette orientation a été affichée dès novembre 2012 (le rapport Gallois sur la compétitivité), mais ce n’est qu’aujourd’hui que « nous en recueillons les premiers fruits :
la croissance revient, des logements se construisent plus nombreux, l’économie crée des emplois. Dans la bataille contre le chômage, tout se joue maintenant ». Au nombre des modernisations, il a encore ajouté la transition énergétique, l’adaptation de l’économie au numérique, la modification de la carte de France avec ses nouvelles régions, les intercommunalités, etc., sans oublier le mariage pour tous, l’IVG anonyme et gratuite, le droit de mourir dans la dignité… « L'impensable »
« Dans quel pays d’Europe y a-t-il eu autant de progrès depuis quatre ans ? », s’interroge le plus sérieusement du monde François Hollande.Dans son discours, le président s’est aussi efforcé de faire taire d’avance les critiques. « Avons-nous fait tout ce qui a été dit dans les 60 engagements ? », fait mine de s’interroger François Hollande. « La politique, ce n’est pas une arithmétique », se répond-il.
« Avons-nous renoncé à la réforme fiscale ? » Non, répond-il en substance, citant les revenus du capital taxés au même niveau que les revenus du travail, la nouvelle tranche d’imposition mise en place, le prélèvement à la source « engagé », les baisses d’impôts décidées depuis 2014. « Avons-nous renoncé à maîtriser la finance ? », poursuit-il. « J’avais dit ce que j’avais à dire au Bourget. Depuis 2012, la France a agi pour l’union bancaire européenne, la séparation des banques d’affaire des banques de détail, le plafonnement des bonus. Nous sommes à l’initiative contre la fraude fiscale. »
À l’inverse, « nous n’avons pas dit tout ce qui allait être fait après. C’est vrai, je le concède, la crise de la zone euro a duré plus que je ne l’avais imaginé. Mes prévisions de croissance n’ont pas été vérifiées », lance le président. « Mais je ne m’étais pas trompé sur le diagnostic : il fallait d’abord redresser avant de distribuer. »
François Hollande n’avait évidemment pas prévu non plus « l’impensable », à l’extérieur comme à l’intérieur, à savoir la guerre et le terrorisme. Concernant le bilan guerrier de François Hollande, on pourra relire l’article de Lénaïg Bredoux et Thomas Cantaloube, Mali, Centrafrique, Irak: Hollande, le président qui aime faire la guerre. Concernant les actes terroristes qui ont frappé la France en janvier et novembre 2015, le président s’est soudain fait plus grave, tout en tenant un discours déjà fort rabâché sur la nécessaire « unité nationale ». « Nous devons agir », s’est justifié le président, en notant que « l’état d’urgence, ce n’était pas prévu dans le programme ». « Aujourd’hui encore nous devons agir, le combat sera long. »
Un autre combat qui s’annonce long est celui de l’Europe. Pour François Hollande, « nous devions convaincre et c’est ce que nous avons fait depuis 2012 ». Mais, a-t-il ajouté, « il faudra de toute manière, quel que soit le vote des Britanniques [le référendum sur le maintien du pays dans l’Union européenne se tient le 23 juin – ndlr], des propositions pour l’Europe : une gouvernance établie, un budget et un parlement propres pour la zone euro, une Europe de la défense. Je ferai ces propositions au lendemain du vote des Britanniques ».
Revenant sur les négociations en cours sur le projet d’accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, le fameux traité TAFTA, François Hollande a confirmé la position défendue le matin même par Matthias Fekl, secrétaire d’État chargé du commerce extérieur, sur Europe 1 : en l’état, l’accord n’est pas acceptable pour la France. « Dans le cadre des négociations internationales, jamais nous n’accepterons une mise en cause de nos valeurs, a déclaré François Hollande. À ce stade, la France dit non, dans l’étape que nous connaissons des négociations internationales. »
À la toute fin de son discours, François Hollande a indirectement évoqué la Nuit debout. « On ne change pas la France en restant à sa place, ça vaut pour toutes les places », a-t-il glissé. « Il faut qu’à un moment les aspirations qui existent, l’envie de changer le monde, l’idée qu’il est possible de participer à tout niveau au changement, il faut que cet espoir-là, à un moment, se traduise dans une perspective politique, ce qu’on appelle un débouché politique, un débouché démocratique. Et quels que soient les modes de participation, et je les respecte tous, quelles que soient les formes d’expression à condition qu’elles ne soient pas violentes, il n’y a jamais rien qui remplacera le vote, et la démocratie, et le suffrage universel. »
Et si en plus ce vote pouvait être favorable au président sortant…
Je crois que ma préférée c'est celle-là
Un autre combat qui s’annonce long est celui de l’Europe. Pour François Hollande, « nous devions convaincre et c’est ce que nous avons fait depuis 2012 »
O_o
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."