par fernando » 06 Juil 2016, 13:24
Euro 2016 : Renato Sanches, à la recherche de la nouvelle star portugaise
C’est la révélation de l’Euro. Avec l’insouciance de la jeunesse, sa bouille de gamin et ses dreadlocks, Renato Sanches, 18 ans, est devenu, en quatre matchs, un élément essentiel de l’équipe portugaise. A tel point qu’il devrait figurer dans le onze de la Selecçao qui s’apprête à disputer, mercredi 6 juillet, à Lyon, face au Pays de Galles, la cinquième demi-finale d’un Euro de son histoire (1984, 2000, 2004, 2012 et 2016).
Le milieu de terrain s’est même payé le luxe de battre deux records de précocité qui appartenaient à la vedette nationale, Cristiano Ronaldo. Il est désormais le plus jeune joueur portugais à avoir été aligné dans un championnat d’Europe – à 18 ans et 9 mois, le 14 juin contre l’Islande – et le plus jeune à y avoir marqué – à 18 ans et 10 mois, le 30 juin contre la Pologne. Ce fils d’une mère cap-verdienne et d’un père originaire de Sao Tomé-et-Principe, deux anciennes colonies portugaises, n’avait pourtant que quelques semaines au plus haut niveau dans les jambes avant de s’inviter parmi les 23 joueurs de la sélection portugaise.
Il y a encore neuf mois, le jeune homme évoluait au sein de l’équipe B du Benfica Lisbonne. Renato Sanches n’a, en effet, disputé son premier match en championnat que le 30 octobre 2015. Il a débuté en Ligue des champions le 25 novembre et a inscrit son premier but en professionnel le 4 décembre. Sa montée en puissance n’est pas étrangère à la fin de saison en trombe de Benfica, qui a rattrapé son retard de huit points sur le Sporting, l’ennemi juré, pour terminer champion du Portugal et qui a même atteint les quarts de finale de la Ligue de champions.
Intense activité
Mais cette réussite suscite de la jalousie. Au début de l’année, le Sporting a ainsi lancé une polémique – repris la semaine dernière par Guy Roux au micro d’une chaîne roumaine – sur l’âge réel de Renato Sanches. Le prodige n’aurait pas 18 ans, mais serait plus âgé. La raison ? La déclaration à l’état civil du jeune Renato effectuée qu’en 2002, soit cinq ans après sa date de naissance retenue, le 18 août 1997, à Lisbonne. « Ça ressemble à une fausse polémique. Après une séparation, le père est parti cinq ans en France et la mère pensait qu’il avait déclaré Renato. Il l’a simplement fait à son retour avec cinq ans de retard. Le Sporting utilise souvent cet argument de l’âge réel en pointant les joueurs d’origine africaine de Benfica », explique Marco Martins, journaliste spécialiste du football lusitanien.
Quoi qu’il en soit, le jeune Lisboète impressionne. Sous la pression médiatique, et alors même que son milieu de terrain est déjà bien fourni, le sélectionneur, Fernando Santos, le convoque en mars pour cinq matchs amicaux. Lors de sa première cape, face à la Bulgarie, un fan pénètre sur la pelouse pour l’embrasser. Stupeur au Portugal : ce n’est pas l’idole Ronaldo qu’on est venu révérer.
« Il a un potentiel, il faut qu’il concentre toutes ses énergies pour devenir meilleur »
Le futur joueur du Bayern Munich, recruté en mai pour 33 millions d’euros plus 45 millions d’éventuels bonus, n’était, avant le coup d’envoi de l’Euro, que la sixième option à son poste en équipe nationale. Mais les débuts très compliqués du Portugal dans le tournoi lui ont offert du temps de jeu et l’ont fait progresser dans la hiérarchie. Contre l’Islande et la Hongrie dans la phase de groupes, puis face à la Croatie en huitièmes, il dynamise son équipe lors de ses entrées en jeu par son culot. Ce qui lui permet de vivre contre la Pologne, en quarts, sa première titularisation en sélection.
Sérieux à la récupération, capable de déstabiliser une défense rigoureuse… Ce 30 juin, au Stade-Vélodrome, l’efficacité et le caractère du jeune footballeur sont récompensés par le trophée de l’homme du match de l’UEFA. Son but symbolise son match : un ballon gagné, un une-deux avec Nani et une frappe puissante et précise.
Maturité précoce
Autre révélateur de sa performance et de son mental : son attitude lors de la séance des tirs au but. « On nous a demandés qui voulait tirer, raconte-t-il. Cristiano voulait y aller en premier. Moi, j’avais suffisamment confiance pour tirer en deuxième. Je me suis concentré sur le penalty, j’étais détendu. Je voulais juste la mettre au fond ». De la confiance pure.
« C’est un crack, lâchait Nani après la qualification. Il est très fort. » « Renato a encore beaucoup de choses à offrir à l’équipe, tempère Fernando Santos, qui ne veut pas encore en faire une star. Il deviendra encore meilleur dans le futur. Comme Ronaldo, il a commencé à 18 ans en sélection. Il a un potentiel, il faut qu’il concentre toutes ses énergies pour devenir meilleur. Mais, ça, c’est mon job de le faire progresser. »
La comparaison avec Ronaldo est pour le moment hasardeuse, mais permet de s’interroger sur les relations entre le triple Ballon d’or de 31 ans et le talent en devenir. « Sanches a encore tout à faire. Il perd trop de ballons. Ronaldo n’en est pas jaloux et il l’a pris sous son aile comme Figo l’avait fait pour lui en 2004. Parler de Renato, ça lui enlève de la pression dans un Euro compliqué pour lui », analyse Marco Martins. Le Portugal de Ronaldo n’a jamais rien gagné. Celui de Renato Sanches et de la star madrilène possède une occasion unique cette année d’inscrire la première ligne au palmarès portugais. Mais, pour cela, il faudra d’abord mettre fin au parcours des surprenants Gallois de Gareth Bale.
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