par une des fakes de Der » 17 Mars 2013, 12:59
Z'ont raison, autant se servir directos...
Chypriotes et résidents étrangers de l'île méditerranéenne étaient sous le choc samedi après l'annonce d'un accord avec l'Union européenne sur un plan de sauvetage de 10 milliards d'euros comprenant une taxe exceptionnelle et sans précédent sur les dépôts bancaires. "Chypre a choisi la moins douloureuse des solutions", a assuré le ministre chypriote des Finances Michalis Sarris, rappelant qu'une banqueroute de l'île n'était pas à écarter en cas d'échec d'un accord.
Ce même ministre avait pourtant affirmé il y a dix jours qu'une taxe sur les dépôts serait "catastrophique" pour Chypre. Le gouvernement considérait aussi comme une ligne rouge dans ses négociations avec l'UE et le Fonds monétaire international (FMI) la hausse de l'imposition sur les entreprises qui fait au final partie du package.
En bref
Réactions
"C'est du vol!" Kyriakos, un artiste chypriote, venu retirer le maximum d'argent autorisé dans un distributeur afin de minimiser le montant des taxes risquant d'être prélevées sur son compte, dans le cadre du plan de sauvetage européen, se dit "en colère". "J'ai gagné cet argent et maintenant on me le prend pour payer des erreurs qui ne relèvent pas de moi", soupire le trentenaire, patientant devant un distributeur pendant que ses deux amis, comme lui, tentent de retirer le maximum qui leur est autorisé.
"On essaie tous de retirer un maximum d'argent mais cela ne marche pas très bien, on ne sait pas si les comptes sont bloqués ou les distributeurs vides", peste l'un de ses amis, Joseph, employé de banque chypriote. "Personne ne s'attendait à cela et les banques n'étaient au courant de rien", assure-t-il.
Si des queues se sont formées devant certains distributeurs samedi matin, les agences bancaires étaient fermées pour le week-end, et jusqu'à mardi matin, lundi étant férié sur l'île. "J'ai essayé de faire un virement ce matin, je n'ai pas réussi, mais de toute façon il n'aurait sûrement pas été validé", indique un entrepreneur français basé à Chypre.
"Je vais retirer ce que je peux, c'est toujours ça de gagné", dit-il, avant de repartir avec 2.000 euros. Les déposants à Chypre sont d'autant plus déstabilisés que les détails des mesures acceptées par Nicosie en contrepartie du plan de sauvetage ne sont pas encore connus, dans l'attente d'une validation par le Parlement chypriote.
"C'est catastrophique", lance un entrepreneur belge, estimant à 15.000 euros le montant qu'il va voir ponctionner sur les comptes de son foyer. "Ca ne me gêne pas, c'est une contribution à un problème qui existe", déclare-t-il, se disant en revanche très inquiet de savoir si la mesure s'applique aux sociétés. "S'ils nous prennent 10% ça veut dire qu'on ferme la semaine prochaine", souligne-t-il.
Un père de famille allemand habitant Nicosie, lui aussi, se dit "en colère". Ces mesures "touchent les familles, tout le monde, c'est injuste". "J'ai déjà perdu mon travail, ce que je touche de l'assurance sociale ne suffit pas à faire vivre une famille, et maintenant il va falloir payer ça en plus", enrage-t-il. "Je suis étonné que les gens ne manifestent pas comme en Grèce".
Le Parlement doit voter en principe dimanche sur l'accord avant que les banques ne rouvrent leurs portes mardi matin, lundi étant férié. Le président chypriote de droite Nicos Anastasiades, élu le mois dernier, doit regagner l'île à 18H00 GMT (19h, heure belge) en provenance de Bruxelles et s'entretenir dimanche avec le gouvernement, selon l'agence étatique CNA.
Pour réduire leur participation à ce prêt, pour lequel Nicosie demandait 17,5 milliards, les bailleurs de fonds lui ont demandé d'instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires en-deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts.
Ces prélèvements, censés rapporter 5,8 milliards d'euros, seront appliqués à toutes les personnes résidant sur l'île. Les taxes sur le capital et les intérêts des dépôts seront entièrement compensées par la distribution d'actions, a précisé M. Sarris.
L'île a finalement obtenu un prêt de 10 milliards d'euros, avec une contribution du FMI à hauteur d'un milliard selon une source diplomatique européenne. Au final, la dette chypriote sera de 100% du PIB en 2020. Même si l'accord n'était pas à la Une de la presse en raison de sa conclusion tard dans la nuit à Bruxelles, des tweets de gens en colère se multipliaient samedi sur la Toile.
Juste après son annonce, des dizaines de Chypriotes et d'étrangers étaient visibles devant les banques pour retirer de l'argent des distributeurs automatiques.
"C'est une catastrophe", a estimé un Chypriote de 45 ans venu retirer de l'argent. "Cela va nous donner envie de sortir de l'euro", dit un autre, un retraité.
Néanmoins ces retraits d'argent ne vont pas empêcher la ponction sur leur compte comme l'explique Marios Skandalis, vice-président de l'Institut des comptables publics de Chypre. Selon lui, les montants correspondant à la taxe "sont déjà bloqués et ne peuvent plus être transférés".
Un dirigeant d'une entreprise belge était également très inquiet. "Je ne sais pas encore si ça touche ma société, mais si jamais la mesure s'applique aux sociétés, c'est la faillite pour nous". "La situation est grave mais pas tragique, il n'y a pas de raison de paniquer", a tenté de rassurer le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides.
Mais le député du parti Diko (centre-droit) dont la direction a soutenu l'élection de M. Anastasiades, Nicolas Papadopoulos, s'est élevé contre l'accord en le qualifiant de "désastre" pour le système bancaire, un pilier de l'économie du pays.
"Avant je pensais que toute solution serait mauvaise pour Chypre, mais ça c'est un cauchemar", a-t-il déclaré à la radio d'Etat. "Je veux qu'un représentant du gouvernement m'explique pourquoi cet accord était la meilleure solution". "Les Britanniques et les Russes vont penser à deux fois avant de venir prendre leur retraite sous le soleil chypriote", relevait un internaute sur le réseau social Twitter.
Nicosie avait demandé une aide européenne en juin 2012 après l'appel à l'aide de deux de ses principales banques au gouvernement, en raison de pertes évaluées à 4,5 milliards de dollars, conséquence de la crise grecque.
Chypre est devenu samedi le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d'un plan d'aide international, après la Grèce, l'Irlande, le Portugal, et l'Espagne qui a reçu une aide ciblée de la zone euro pour son secteur bancaire.
"On ne pénalise pas Chypre", a affirmé le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. "Nous sommes aux côtés du gouvernement chypriote, c'est ce paquet qui permettra une restructuration du secteur bancaire et rendra la dette durable".
PS : le débat est reporté à Lundi.