par fernando » 13 Août 2013, 14:40
Toulalan sort de son silence… mais pas trop
Même s'il refuse toujours de revenir en détails sur les événements de Knysna, Jérémy Toulalan a accepté de sortir de son mutisme intégral au sujet des Bleus et de sortir momentanément de sa carapace dans une interview accordée à nos confrères de France Football.
Dans ce milieu du football où beaucoup d’acteurs sortent du même moule, Jérémy Toulalan jure violemment avec le décor, très lisse. Jamais habillé en vêtements de marque, pas fan de voitures de luxe ni de montres de grands joailliers suisses (« Je n’aime pas être reconnu, c’est même tout l’inverse ») et ennemi des réseaux sociaux, le nouveau milieu de terrain de l’AS Monaco n’est pas non plus un adepte de la langue de bois. Un homme rare, on vous dit. Alors plutôt que de faire trop de dégâts lorsqu’il s’exprime, il préfère ne pas parler. « Pour être clair et que ça se sache, je continue à tout refuser. Je sais que ça peut fâcher. D’ailleurs, en Espagne, les médias commençaient à l’être », explique Toulalan au cœur d’une interview vérité accordée au magazine France Football. Presque un miracle. « Si le ‘‘ Doc ’’ (ndlr : Fabrice Bryand, ancien médecin du FC Nantes et de l’équipe de France) ne me le demande pas, je ne le fais pas, avoue-t-il d’ailleurs sans chercher à se cacher. J’ai une confiance aveugle en lui. J’ai parlé aux médias car cela fait, paraît-il, partie du métier mais réellement j’aurais pu m’en passer et d’ailleurs, je m’en passe. »
« Je n’ai pas balancé avant, ce n’est pas pour le faire maintenant »
Sur Knysna et cette affaire du bus devenue tellement célèbre, Jérémy Toulalan a pourtant beaucoup d’inconnues à livrer. De véritables révélations que le joueur de 29 ans exprimera en temps voulu. En attendant, il préfère tout garder pour lui. Peut-être même qu’il ne dira jamais rien. Car « la Toule », comme le surnomment ses véritables amis qui se comptent sur le doigt d’une main, ne veut pas jouer les « donneuses ». Même s’il sait que c’est monnaie courante dans le métier, lui s’y refuse. « Je n’ai pas envie de revenir pour foutre la zizanie en révélant des infos que personne ne sait. Car sur Knysna, personne ne sait vraiment. Tout n’a pas été dit. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il y a un mec qui a assumé, et c’est moi. J’ai dit ce que j’avais fait, mais les autres, on ne les a pas entendus. Personne… Je n’ai pas balancé avant, ce n’est pas pour le faire maintenant. Pourtant à la réunion de discipline, au retour d’Afrique du Sud, on m’a encouragé à le dire. Eh bien, non, ce n’est pas moi qui balancerai. Je ne fonctionne pas comme ça. »
« Moi, je peux me regarder dans une glace »
Jusqu’au moment où il le décidera (ou pas…), l’ancien Lyonnais - parti à Malaga pour découvrir un autre football mais surtout se laver l’esprit (« J’ai failli tout arrêter lors de ma dernière saison à Lyon, car c’était trop difficile ») - laissera donc tout le monde penser qu’il faisait partie des meneurs de Knysna. Lui présente cela différemment. « J’ai été le couillon de l’affaire. J’ai donné, ça m’a desservi, j’ai compris. Je ne regrette rien, j’ai dit ce que je pensais. Moi, je peux me regarder dans une glace. Si je vous réponds, je vends la mèche. Si je donne un nom, ça fera mal à cette personne. Et je pense qu’en plus, ça ferait pas mal de bruit. A ce point ? Ah ça, oui ! » Pour l’instant, celui qui n’a plus remis les pieds en équipe nationale depuis cette Coupe du Monde tapageuse en Afrique du Sud accepte de s’exprimer un peu plus sur la lettre lue par Raymond Domenech, qui aurait été écrite par un des propres conseillers du joueur formé à Nantes. « La lettre, c’est bâtard, puisqu’il n’y a pas eu que mon conseiller à l’écrire. Mais ce n’est pas ça la véritable histoire ! Je pourrais vous expliquer ce qui s’est passé réellement, mais ce n’est pas à moi de le faire. J’ai assumé ma part. » Il faudra toutefois se contenter de cette réponse certes intéressante mais trop brève.
« On s’est fait baiser »
« Aujourd’hui, je n’y tiens pas trop, ajoute Toulalan, encore meurtri. J’y reviendrai certainement un jour, mais, là, c’est trop tôt. Je ne suis revenu en France que depuis un mois. Ce n’est pas le bon timing. Je ne vais pas me mettre une balle dans le pied d’entrée. » Mais en veut-il à ce fameux conseiller qui l’avait invité à ne pas rédiger cette lettre avant de finalement la mettre en forme à sa demande ? Là non plus, pas de réponse. Mais une leçon pour la vie. « Quand on est honnête et franc dans le milieu du foot, on se fait avoir. Parfois je me demande si ça ne serait pas mieux d’être complètement con. Mais on s’est fait baiser, comme quoi on n’est pas si intelligents que ça. Ça restera un gros poids pour moi. Les autres ? J’aurais pu en tuer. Je ne l’ai pas fait. » Réservé, Jérémy Toulalan a préféré se refermer sur lui-même. Un peu le résumé de sa vie. Et même de la suite qui l’attend une fois qu’il sera retiré de ce monde du football qu’il apprécie si peu. A l’image des gens en général. « J’aime plus être seul qu’entouré. C’est difficile car ma femme aime être avec du monde. Moi aussi, je peux être bien avec du monde, mais ce n’est pas naturel. Le seul qui ne l’est pas, c’est mon père. Il part avec son chien et on ne le revoit plus pendant des heures. Je ferai ça aussi. » D’ici là, il aura peut-être mis enfin fin au mystère qui entoure toujours aujourd’hui les événements de Knsyna.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."