par fernando » 27 Août 2013, 11:11
Affaire Thauvin : ça va mal finir, c’est sûr, mais pour qui ?
PUBLIÉ LE 27/08/2013
Par ANTOINE PLACER
Il n’y a déjà plus rien à gagner dans l’histoire Thauvin, que l’attaquant décide de venir s’entraîner ou non aujourd’hui : le joueur passe pour une girouette, son conseiller pour un drôle d’énergumène, l’OM pour un profiteur. Et Lille ? Pour le dindon de la farce ? Les dirigeants entendent se faire respecter. Le foot, lui, a très mal au crâne, encore une fois.
Le gamin impatient et ses rêves, le faux oncle boucher, le père inattendu, le directeur fouettard : le casting du dossier Florian Thauvin est inégalable, pagnolesque puisque l’OM est concerné. C’est un feuilleton comme le foot aime en accoucher, avec cris, douleurs et fracas.
Un petit résumé de la situation pour ceux qui viennent de ranger les tongs, de balayer le sable et qui, eux, vont sagement reprendre le boulot ? Au bout de sa démarche (voir chronologie ci-contre), le joueur vient donc de menacer, via son conseiller surnommé « Tonton Adil », un boucher du XVIIIe arrondissement de Paris, de sécher la reprise de l’entraînement aujourd’hui, bien décidé à aller au bras de fer concernant son transfert à l’OM.
« Lillois à 99,9 % »
Hier, dans une interview accordée à au site de 20minutes, son père, Charles, a déclaré, du haut de son assurance : « Aujourd’hui, l’histoire est allée trop loin. Si Florian reste à Lille, ce sera contraint et forcé. Il n’est pas dans le Nord en ce moment et ça m’étonnerait qu’il soit à l’entraînement mardi (aujourd’hui). »
Voilà pour le père qui, au passage, estime que Frédéric Paquet, le DG lillois, a « manqué de respect » à son fils à son retour du Mondial U20 avec des lauriers sur la tête. C’est ce qui aurait déclenché toute l’histoire. Bigre.
Aujourd’hui, comment tout cela va-t-il se terminer ? L’OM a-t-il les moyens de surenchérir sur sa dernière offre (8 millions + 2 millions de bonus + 10 % de la prochaine revente), refusée ce week-end par Michel Seydoux, le président lillois ? Lille peut-il rester ferme, comme son président l’assure ci-dessous, et faire prévaloir les valeurs et une certaine morale ? Sur RMC, le boss lillois a même lâché le mot CFA, comme une promesse possible. Ce n’est l’intérêt de personne, pourtant, à long terme.
De toute façon, pour ses dirigeants, Florian Thauvin sera lillois « à 99,9 % » début septembre, après la fermeture du mercato d’été (le 2 septembre à minuit). Ils n’imaginent pas l’OM atteindre la fourchette des 12 ou 15 millions d’euros qui transformeraient l’âne en poule aux œufs d’or, alors que le club phocéen s’agite pour faire de la place sur tous les tableaux (Kadir, J. Ayew, Amalfitano).
Dans cette comédie d’été, le plus savoureux est de se replonger dans les premières déclarations du joueur, après sa signature en janvier : « Le LOSC est un club qui m’a proposé un très beau projet sportif. Ça m’a tout de suite plu et, avec l’appui de mes conseillers, nous avons tout de suite pris la décision de s’engager ici. » À l’époque, on n’a pas suffisamment fait attention à la temporalité : Florian Thauvin aime le « tout de suite », l’immédiat. Parce que c’est un enfant ? C’est fort possible. Il aimerait donc sauter les étapes et rejoindre un club qui lui offre la Ligue des champions et un salaire à six chiffres (120 000 euros).
Ces derniers jours, à Lille, en interne, on répète que Florian Thauvin est un « bon gamin », mais que ses conseillers lui ont fait « tourner la tête ». Son manque de libre arbitre va-t-il, malgré tout, lui jouer des tours pour la suite de sa carrière ? C’est bien parti pour. Et c’est bien le plus dommageable, dans toute cette comédie ridicule.
En dates
Le 29 janvier 2013
Florian Thauvin fait un aller-retour entre Bastia et Lille pour signer un contrat de quatre ans et demi. Le montant de la transaction est de 3,5 M€. Il est prévu que l’attaquant ne rejoigne le Nord de la France qu’à partir de la saison suivante. « Le projet du LOSC m’a tout de suite plu. Je suis très heureux de le rejoindre », disait-il ce soir-là sur le site officiel du club, son unique interview avec le maillot de Lille à la main.
Mi-juin
L’OM approche le LOSC avec une offre couplée d’environ 13 M€ pour le duo Payet-Thauvin. Lille ouvre la porte pour le premier et la ferme pour le second. Marseille promet 120 000 € brut de salaire mensuel au jeune joueur. Il doit en toucher 45 000 € à Lille contre 5 000 € à Bastia.
Le 9 juillet
En pleine Coupe du monde U20, dans France Football, Thauvin regrette son choix : « Rudi Garcia est parti, Lille n’est pas qualifié en coupe d’Europe, j’aurais dû attendre. Ça m’apprendra à signer trop tôt. »
Le 10 juillet
L’OM est en stage à Crans-Montana et Vincent Labrune déclenche la polémique en déclarant que « Thauvin l’intéresse toujours et qu’il va revenir à la charge auprès du LOSC ». Dans la soirée, Michel Seydoux réplique d’un communiqué cinglant. Il déclare notamment que l’acharnement du président marseillais s’apparente à de la bêtise et rappelle que « Thauvin est intransférable ».
Le 5 août
Après trois semaines de vacances, Florian Thauvin est bien au rendez-vous à Luchin pour la reprise de son entraînement. Un programme personnalisé l’attend, mais aucune conférence de presse de présentation n’est organisée. René Girard attendra trois semaines avant de le faire participer à une séance d’entraînement publique.
Le 25 août
Marseille revient à la charge avec une offre de 10 M€ (dont 2 de bonus et un pourcentage à la revente). Le LOSC refuse, le joueur se braque. Via son représentant, il menace le club d’un bras de fer en annonçant qu’il pourrait ne pas être présent au prochain entraînement programmé aujourd’hui. O. F.
Et vous, vous en pensez quoi?
Les solutions les plus extrêmes sont parfois prônées, comme Jean-Luc, qui suggérait hier sur notre page Facebook : « Qu’il aille jouer en CFA et qu’il soit payé au SMIC pendant un an… » D’autres se montraient plus compréhensifs avec le jeune joueur et pointaient l’entourage : « Il a beau avoir du talent, je crois que ce jeune homme est mal conseillé, ce qui va nuire à sa carrière, dommage ! », prédisait Olivier. Les uns pensent à le garder pour faire prévaloir la morale, d’autres ne veulent déjà plus le voir : « Qu’on s’en sépare, on n’a pas besoin d’un mec pareil et des vautours qui tournent autour de lui », pestait Alexandre. Idem pour Xavier : « C’est une source d’emm… ! Ce n’est pas le nombril du monde. Il n’a, de toute façon, rien prouvé et 10 millions, c’est déjà une sacrée offre pour ce genre de joueur… »
Romain, lui, était déjà sûr d’une chose : « Que ce soit avec le maillot du LOSC ou avec celui de l’OM sur les épaules, une chose est sûre, il prendra très cher lors de sa première au Grand Stade. » C’est peut-être la seule certitude, en effet, au cœur d’une affaire bien peu claire. A. P.
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