par bitadmin » 21 Sep 2013, 21:55
Depuis le départ des dernières familles roms, mercredi, du camp de la rue de Carvin, à Lille-Sud, le vaste bidonville est vide, mais il continue à faire parler de lui. L’évacuation semble avoir fait surgir un problème que l’on soupçonnait sur ce terrain bordant la rue de Marquillies et la rue du Faubourg-d’Arras : une invasion de rats. La ville, qui y mène une importante opération de dératisation depuis plusieurs mois, assure que le phénomène ne devrait encore durer que quelques jours.
« Ces dernières semaines, on en voyait passer un ou deux chaque jour, explique Hamed, qui détient un garage et un jardin juste en face de l’ex-camp. Mais depuis mercredi, c’est une invasion ! Tous les soirs ils traversent la rue pour arriver chez nous. J’ai mis des pièges et des produits partout pour les tuer. Et chaque matin, j’en retrouve quinze à vingt morts, seulement dans mon jardin ! »
Ce samedi midi, il nous présentait encore une dizaine de cadavres. « J’ai demandé à la ville d’intervenir, on ne peut pas continuer comme ça. Et le terrain en face (l’ancien camp) n’a pas été nettoyé, il est encore plein de saloperies qui attirent les rats. Il faut faire quelque chose ! »
Une rue constellée de cadavres
Dehors, la rue Marcel-Hénaux, qui longe aussi l’ancien bidonville, est constellée de cadavres écrasés. À midi, on en comptait une bonne vingtaine sur cinquante mètres de route. Nguyen, qui a ouvert le restaurant Saigon juste face à l’entrée de l’ex-camp il y a un an et demi, en a les poils qui se dressent sur les bras. « C’est horrible, je ne sais pas quoi faire. J’ai payé 200 € une entreprise pour qu’elle installe des pièges et j’ai pris un chat. Grâce à ça, le restaurant est nickel. Mais dehors, c’est incroyable. Les rats arrivent le soir vers les habitations, des automobilistes qui passent dans la rue s’arrêtent même pour les prendre en photo. Et évidemment, autant de rats écrasés devant un restaurant, ça n’attire pas vraiment les clients. » Les riverains sont inquiets, certains craignent que, outre les maladies, « les rats ne s’en prennent aux enfants ».
Douze à quinze ramassages d’ici lundi par des agents de la ville
« Les gens ne doivent pas s’inquiéter, le risque pour le quartier est nul », a rassuré cet après-midi Jacques Richir, en charge du cadre de vie. « C’est une situation qui est totalement anticipée par la ville, et sous contrôle. Depuis des mois, on a une dizaine d’agents sur le terrain. On traite et on détruit. Et c’est parce que l’on nettoie que les rats se déplacent, et parfois sortent du camp pour venir mourir aux abords du terrain » (on en a vu ainsi dans l’enceinte de l’hôtel de police tout proche).
La ville a lancé une importante opération de dératisation, qui a progressé avec les départs successifs des occupants de l’ancien camp de Roms. Depuis sa fermeture mercredi, les agents municipaux ont même intensifié leurs actions, avec aussi un gros travail de nettoyage, qui perturbe les animaux. « Je comprends les désagréments pour les riverains, m ais il faut être patient, le délai pour le traitement est de trois à cinq jours. Le terrain est grand, il fait plusieurs hectares. On y a trouvé 600 terriers, qui ont tous été traités. Il faut que les gens aient conscience de l’énorme effort effectué par la ville. »
Il va continuer ce week-end, avec « quatre ou cinq passages par jours pour retirer les rats morts ». Puis, lundi, des opérations sont également prévues dans les égouts. Jacques Richir attend un retour à la normale « dans les prochains jours, mais on va encore rester très vigilants pendant les deux prochaines semaines ». Et l’élu de promettre ensuite une « zone parfaitement assainie ».