par n.iiicolas » 11 Jan 2014, 10:56
La trentaine fatiguée et l’air hagard, Sébastien et Isabelle comparaissent côte à côte, ce mardi, devant la chambre correctionnelle de Cambrai. Ce couple de Bermerain est à la tête d’une famille nombreuse, aux ramifications compliquées.
Pour sa part, Isabelle a deux enfants, issus d’une précédente union avec le frère de Sébastien, son actuel compagnon. Qui, lui-même, a deux enfants de son ancienne compagne. Ensemble, le jeune couple a eu deux enfants. En tout, la famille compte donc six petits, âgés de un à dix ans au moment de l’enquête. Parmi eux, quatre vivent en permanence sous le toit du couple, et deux naviguent entre le domicile de leur mère et celui de leur père.
Domicile, c’est un grand mot pour qualifier l’endroit qui accueille ces enfants. La présidente égrène les constatations de l’enquête sociale : « Habitation vétuste, manque d’hygiène, de propreté et de sécurité, avec un tas de ferraille dans la cour, pas d’eau chaude, une installation électrique dont les fils sont accessibles aux enfants... » Et surtout, une unique chambre pour l’ensemble de cette famille recomposée. Le soir, tous s’entassent dans la chambre conjugale, transformée en dortoir. Les deux plus petits sont dans des lits d’enfants, les quatre plus grands s’endorment sur un matelas, installé au pied du lit des parents. Une promiscuité dramatique, lourde de conséquences sur les enfants.
Hypersexualisation alarmante
L’alerte est donnée par un médecin, auprès de qui l’une des filles de Sébastien, alors âgée de sept ans, s’est plainte des attouchements que lui fait subir son cousin, le fils d’Isabelle, d’à peine deux ans son aîné.
La gendarmerie, avertie, s’alarme de ces attouchements entre enfants, signe d’une hypersexualisation des deux petits, étonnamment au fait des pratiques et du vocabulaire sexuels. Les enfants évoquent, de façon « crue et réaliste », des actes qu’ils auraient vu pratiqués par leurs parents, ou dans des films érotiques regardés par eux, dans la chambre commune. Après leurs témoignages, l’enquête établit aussi les actes incestueux dont l’une des filles d’Isabelle a été victime de la part de son père, qui, depuis la séparation, vit toujours dans dans le jardin de la maison familiale, dans une caravane. Jugé depuis, il a été condamné pour ces faits, avant l’été. Malgré « l’omerta », le mode de vie du « clan », pour reprendre les mots de l’avocate de la partie civile, est ainsi mis à jour. Un climat délétère qui pèse notamment sur le développement du garçonnet incriminé par sa cousine, selon les experts. Les parents comparaissent pour manquement à leurs obligations légales et corruption de mineur.
Tête basse, ils articulent quelques mots. « On n’a sans doute pas été assez vigilants, mais on attendait toujours que les enfants soient endormis. » Lors de l’enquête, ils se sont dit « très étonnés » d’apprendre que les petits aient pu assister à leurs ébats « Les enfants, ça se réveille, vous savez », rappelle la présidente. De même, ils n’avaient pas noté les gestes déplacés entre les cousins, malgré une alerte, une fois, où ils ont été « pris dans la paille » et punis. Enlevés une quinzaine de jours à leurs parents, les enfants leur ont été rendus après que des travaux ont été faits dans la maison. Aujourd’hui, filles et garçons dorment séparément, à l’écart des parents, dans une maison réhabilitée, assure leur avocat. Le procureur requiert six mois avec sursis pour les deux parents, avec une mise à l’épreuve pour le père, déjà condamné pour conduite en état d’ivresse. Les deux adultes ont été relaxés pour les faits de corruption mais ont été déclarés coupables pour les manquements à leurs obligations. Ils écopent d’une peine de trois mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve pendant deux ans.
Je crois que le bonheur c'est d'être autiste.